Daniel Hilarant
Madame Doubtfire avec son scénario prompt au quiproquos et autres malentendus est un des cultes de mon enfance. Encore un de ces films portant la mention « VHS usées ». On y retrouve un Robin...
le 19 mars 2012
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Adaptation cinématographique du roman (Quand papa était femme de ménage) publié en 1987 par Anne Fine, le réalisateur et scénariste Chris Colombus, après avoir séparé à deux reprises le petit Kevin McCallister de ses parents, signe une nouvelle comédie familiale culte. Ce joint à ce bijou Robin Williams, qui, après avoir fait un véritable one man show d’anthologie dans Good Morning Vietnam, après avoir renfilé les collants de Peter Pan pour affronter une dernière fois le terrible Capitaine James Crochet et nous avoir apprit qu’on lit et écrit la poésie parce que l'on fait partie de l'humanité, et que l'humanité est faite de passion, nous montre une fois encore que son talent n’a aucunes limites. Attendez-vous à voir plus qu’une simple comédie américaine.
La référence number one en matière de comédie familiale
En 1994, sortait sur nos écrans un film culte. Une des comédies qui marqua à jamais le cinéma des années 90 : Madame Doubtfire. Que dire sur ce film si ce n’est LE film qui a fait de Robin Williams une star mais aussi le deuxième papa de bons nombres d’enfants. Vous n’aviez pas le moral? Ce film était le remède anti-déprime. Robin était l’un des seuls adultes à même d’être capable de comprendre les doutes, les peines des enfants. Le père dont certaines et certains rêvaient d’avoir, celui qui les faisaient passer avant son travail et même avant sa propre vie. Celui qui les faisaient rire avec ces grimaces, ces voix, ces pitreries, ces jeux, ou bien, dans notre film, le genre à organiser une fête d’anniversaire surprise dont ils se souviendraient toute leur vie. Ca c’est à la condition de ne pas avoir une voisine un peu trop curieuse et reine du commérage comme JUSTEMENT dans la comédie dont nous allons parler. Manque de chance pour Daniel Hillard, père de famille aimant, sa chère voisine n’est autre que Gloria, interprétée à l’écran par Polly Holiday qui, si vous vous rappelez, avait déjà pourri la vie du jeune Billy Peltzer dans le film Gremlins. La vieille femme remet le couvert dans Madame Doubtfire et brise cette fois le couple tenu par Daniel et sa femme Miranda. Un couple battant déjà de l’aile. S’en suit un divorce, des adieux déchirants entre un père et ses enfants dont la petite dernière qui ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe.
A partir de là, on serait en droit de couper le film ou prendre une grosse dose de médoc pour quitter ce monde injuste même à la télévision. MAIS NON ! Avec Madame Doubtfire vous allez apprendre qu’il ne faut jamais abandonner, qu’il y a toujours une solution, quelque soit la mélasse dans laquelle vous êtes. Même si dans notre comédie, la méthode employée sera radicale et avec de lourdes conséquences, on s’apercevra que parfois, il faut tenter le tout pour le tout. Daniel, acteur de profession, est un maitre en imitations. Capable de prendre une voix d’afro américain nouvellement arrivé aux States, d’imiter la voix sensuelle de Sean Connery dans James Bond, mais, ce qu’il imite le mieux, c’est le hot dog. Avec ce talent, en ayant de plus la chance d’avoir un frère travaillant comme prothésiste dans le milieu du cinéma et en apprenant que son ex femme cherche une nourrice pour s’occuper de ses enfants, Daniel a LA solution qui lui permettra de rester près de ses enfants : il va se déguiser en femme et devenir la nouvelle gouvernante de la famille Hillard.
Après l’impressionnante prestation de Dustin Hoffman dans Tootsie, c’est au tour de Robin Williams de se travestir, pour la bonne cause, et de façon humoristique pour une comédie délicieuse à souhait. On aurait pu trouver ça d’un gout douteux, on aurait pu se dire qu’il y aurait des débordements, des exagérations, il n’en est rien. Faire rire aux éclats tout en tirant sur la corde sensible, c’est ce que Madame Doubtfire fait le mieux. Un film qui parle de divorce et comment les adultes et les enfants surmontent cette lourde épreuve. L’histoire d’un père aimant plus que tous ces enfants et déterminé à trouver la solution qui lui permettra de les voir plus souvent malgré ces restrictions suite à son divorce.
Après Mary Poppins, il y eu Madame Doubtfire
Devant nos yeux ébahis, la première apparition de Robin Williams en vieille femme est grandiose. Quatre heures de maquillage (que trois dans les derniers jours de tournage) et pose de prothèses pour que l’on n’y voit que du feu. Bien que quelques traits et expressions de l’acteur ne nous dupent pas pour autant, on est sidéré de voir que plus rien de masculin ne ressort de notre personnage. Tout sauf sa mentalité d’homme et ces gambettes très poilues qu’il essaye de dissimuler avec des collants. Robin étant du genre yéti.
Dans le film, la transformation est tellement bluffante que Daniel, en Madame Doubtfire, fera visiblement chavirer le cœur d’un vieux chauffeur de bus lui faisant constamment du gringue. De quoi rajouter encore une couche d’humour. Sans le savoir, sa transformation, son rôle de gouvernante va être bénéfique à notre héros. Celui-ci se montre sous son meilleur jour en Madame Doubtfire. Quand il était dans son rôle de père, son coté enfantin, insouciant, ne lui permettait pas de s’occuper sérieusement de l’éducation de ses enfants. C’est alors qu’en tant que gouvernante, il se décidera à réagir, changer ses habitudes, être méticuleux, avoir un comportement exemplaire et respectueux (malgré quelques travers mais vous comprendrez en voyant le film), devenir l’homme, le père qu’il devait être tout en ne perdant jamais son âme d’enfant. Terminé l’homme qui ne savait pas cuisiner, terminé l’homme qui ne savait ni repasser, ni faire le ménage, place à l’homme nouveau avec un grand N.
Ca peut paraitre étrange mais il y a quelques similitudes entre Madame Doubtfire et Mary Poppins. Vous voulez savoir le plus comique ? Julie Andrews, l’interprète de Mary Poppins c’était elle-même travestie dans le film Victor Victoria. Certes il y a une grosse différence logique entre les deux personnages. Le physique de l’une et de l’autre, la différence de caractère, la situation n’est pas la même mais pourtant, les deux sont nounous, les deux sont Britanniques, les deux sont plutôt respectueuses, mais surtout, l’une et l’autre vont au final réparer une famille brisée. Il était question au départ de juste permettre à Daniel d’être près de ses enfants. Sans s’en rendre compte, en tant que Madame Doubtfire, Daniel va rendre à ses enfants et à son ex femme la joie qu’ils avaient perdu. Feel good movie ? Oh que oui. On ne va pas chanter avec notre gouvernante Britannique mais on va rire et aussi apprendre. Car faire rire, tout en apprenant des choses importantes, ça captive et on mémorise bien plus. Qui parmi-vous a réussit à plus retenir les leçons d’un professeur drôle que d’un professeur trop sérieux ?
« Si je chope le salopard de misogyne qui a inventé les talons hauts,
j'le tue ! »
C’est son premier jour en femme, et voila qu’il a déjà des bouffées de chaleur
Robin a créé ce personnage et y a mit tout son cœur, toute son âme. Sans lui, le film ne serait pas ce qu’il est. L’interprétation des deux personnages est si parfaite qu’on peut les dissocier. Comme si ce n’était pas le même interprète. Le travail sur les prothèses, le maquillage est incroyable. Quand il est Iphigénie Doubtfire, Robin Williams n’est plus. Il est cette vieille gouvernante britannique, franche, serviable, fin cordon bleu et reine de la répartie. Tout du moins, quand elle ne tente pas de faire sa sauce Irlandaise... L’idée a beau être originale et brillante, elle n’est pas sans inconvénients. En effet, lorsqu’il joue son rôle de Madame Doubtfire, Daniel, qui devra par moments jongler entre lui et son double féminin, aura du pain sur la planche en devant prendre sur lui lorsqu’il verra sa femme tenter de refaire sa vie avec un homme riche et bien battit, mais aussi gagner le cœur de ses propres enfants, surtout de la plus grande, Lydia, qui est celle qui supporte le moins le divorce. De plus, il est surveillé par une enquêtrice pas commode, là pour inspecter son cadre de vie deux fois par semaines. Pas facile d’alterner sa vie en tant que Daniel et sa vie en tant qu’Iphigénie Doubtfire.
Ce film fait rire oui mais il amène à réflexion. Il est thérapeutique. Surtout pour les enfants ayants des parents divorcés. Le point de vue est certes humoristique mais il est aussi humain, adulte, vrai. Un film tout simplement ludique. Pas vraiment de happy end, pas une mauvaise fin, mais pas celle que l’on souhaitait plus que tout. C’est aussi là que l’on voit le coté réaliste du film. Plus qu’une comédie : une nouvelle leçon de vie, un message s’adressant avant tout aux parents. Rares sont les comédies travaillées aussi minutieusement. Bien souvent, on se retrouve avec une première partie délirante et une deuxième en perte de vitesse, ennuyeuse, nous montrant que le réalisateur a déjà fait le tour de l’histoire et à épuisé son quota de gags. Un peu comme dans certains One man show où vous riez beaucoup au début, pour finir par juste sourire (pour ne pas mettre mal à l’aise l’humoriste) dans le dernier quart d’heure. Dans Madame Doubtfire, pas question de se reposer sur ces lauriers. Les personnages évoluent, l’histoire évolue, l’ambiance change, le film trouve son rythme et empêche le spectateur d’être lassé, surtout au niveau des blagues.
« C'est à vous cette superbe voiture ? On prétend que les hommes qui
se prennent de gros engins le font pour compenser la petitesse de leur
sexe. Je pense que ça ne s'applique pas à vous car vous êtes un
sémillant jeune homme ! »
Aussi délirant qu’émouvant
Madame Doubtfire c’est aussi des répliques et des scènes cultes. Comment oublier cette scène où Robin Williams se lâche totalement en faisant du air guitar avec son balai puis avec son aspirateur, le tout sous un bon gros tube d’Aerosmith, Dude (looks Like A Lady) ? Quand vous deviez diriger Robin Williams, vous ne saviez pas à quoi vous attendre. Même du coté des comédiens qui avaient parfois de belles surprises, devaient rester attentifs et le suivre. Les enfants quant à eux devaient rester sérieux et ne surtout pas rire. Un exploit. Robin Williams, aussi énergique qu’inépuisable, étant du genre à adorer improviser, jouer à sa façon et ne pas toujours suivre ce qui était écrit dans le script. On aurait pu avoir différentes version de ce film. Malgré tout, ses partenaires étaient tous d’accord sur le fait qu’il était encourageant.
Pour ne rien louper lors du tournage de Madame Doubtfire, il aura fallut utiliser pas moins de trois caméras. La scène où le personnage de Daniel, en tenue de Madame Doubtfire, plonge sa tête dans un gâteau n’était par exemple pas prévue au départ. Tout du moins ce qui se passait par la suite. Les lumières sur le plateau de tournage chauffaient tellement que le glaçage du gâteau sur le visage de l’acteur fondait. Scène totalement improvisée et gardée au montage final. Résultat authentique. Le plus marrant dans toute cette histoire c’est que dans ce tout qui fait notre film, jamais on ne ressentira que Robin Williams joue la comédie. Il est vrai, tout simplement. Les émotions extériorisées par l’acteur sont drôles parce qu’elles sont réelles. On a beau ce dire que c’est un film, que par moments ça sonne un peu one man show comme Good morning Vietnam, on ne se doit pas de dire que la prestation de l’acteur est banale. Et cette prestation n’est pas la seule qui marque.
Tous les acteurs ont prit du plaisir à jouer dans ce film et ça se ressent. Sally Field qui joue la femme divorcée un peu coincée sur les bords, Pierce Brosnan en don juan arrogant bourré de fric mais pas si méchant qu’il n’y parait, et les enfants, que dire du jeu des enfants ? Réussite totale pour des enfants attendrissants. Non seulement on y croit mais en plus on arrive à se projeter en eux, ressentir ce qu’ils ressentent. Encore plus lorsque le sujet dont traite le film fait parti de votre vécut. Il vous parlera bien plus qu’à quelqu’un qui n’a pas de parents divorcés. Partant de là, ce film se veut rassurer cette catégorie. «Les parents peuvent cesser de s'aimer l'un l'autre, mais ils continuent d'aimer leurs enfants ». Tout est dit.
C’est la raison pour laquelle le film est tant réussi. Situations cocasses (la scène du restaurant étant le MUST du film), malentendus, les multiples voix de Robin Williams (la scène d’introduction sous forme de dessin animé prouve déjà le talent du comédien), l’alchimie sincère entre les acteurs et actrices, la mise en scène soignée, les musiques grandioses et presque féériques, la morale, les tonnes de surprises , les valeurs humaines que l’on essaye d’inculquer aux jeunes spectateurs et le lieu de l’intrigue, San Francisco, donnent encore plus de charme à cette comédie irrésistible.
Au final, Madame Doubtfire est un incontournable, une comédie indémodable qui vaut ET pour la performance prodigieuse de Robin Williams ET pour sa combinaison parfaite d’humour et de drame. La vision de ce film procure un sentiment magnifique, indescriptible. Chris Colombus signe là une comédie aussi drôle qu’émouvante proposant un message d’amour que peuvent porter les parents à leurs enfants. Dans la même veine, je vous conseille Tootsie avec Dustin Hoffman.
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Créée
le 1 oct. 2016
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