Madame Sans-Gêne est une excellente pièce de Victorien Sardou et Emile Crouzet qui relate la vie pas vraiment romancée de Catherine Hubscher, blanchisseuse à Paris au moment de la révolution qui y rencontra le Sergent Lefevbre qui devriendra Maréchal d'Empire.
Elle restera connue pour son franc-parler, son manque d'éducation et de manière générale, son sans-gêne.
Une histoire folle comme seule cette époque peut en fournir et une femme hors du commun qui a marqué les esprits et a toujours suivi son chemin.
La pièce de Sardou présente rapidement le personnage pendant la journée du 10 août 1792, sa rencontre supposée avec le Comte de Neipperg, aristocrate autrichien et bien des années plus tard ses problèmes avec les soeurs de l'empereur, son implication supposée dans un possible scandale impliquant Neipperg et l'Impératrice Marie Louise et la volonté de Napoleon de se débarasser de cette gênante grande gueule quand il veut polisser sa cour.
C'est drôle, c'est intelligent, c'est bien écrit et c'est vraisemblable.
Cette adaptation de 1941 est très décevante. (A croire qu'il est impossible de faire un film correct de cette histoire, celui de 1961 avec Sofia Loren étant plutôt mauvais aussi).
Richebé, également scénariste, a coupé, modifié ou rajouté et ces changements sont fait très maladroitement.
Les scènes principales sont cependant là mais ce qui s'enchaine si bien dans la pièce et rend les comportements compréhensibles manque ici cruellement et on saute du coq à l'âne.
Arletty, qui devrait être parfaite au vu de sa personnalité et de ses rôles habituels, fait le job mais manque de feu si ce n'est de gouaille. C'est assez étonnant car elle est vraiment la seule qui aurait pu sauver le film de la médiocrité. Elle n'y parvient pas vraiment.
Le reste de la distribution d'Aimé Clarion à Maurice Escande en passant par Alain Cuny et Robert Vatier font ce qu'ils peuvent mais il ne leur reste pas grand chose pour exister dans le scénario.
C'est un film tourné pendant la guerre, les décors sont donc très nus et dans l'ombre mais c'est compréhensible et cela fait partie de l'époque.
C'est dommage, les ingrédients sont là, ils se voient mais la sauce ne prend pas.