Made in France, l’année où j’ai vécu 100% français par LioDeBerjeucue

Les + :

Une vraie démarche évolutive et très bien documentée.
Un traitement minutieux sur une large gamme de thématiques (alimentation, transport, habillement, budget, économie, environnement...).
Un personnage sympathique !
Des conseils pratiques et pas uniquement de la théorie.
Une approche pédagogique mais jamais culpabilisante.
Des intervenants interessants, passionnés, surprenants parfois (sauf un, voir les moins)

Les - :
Une production un peu trop "lèchée", "propre", j'ai peur que ça ne parle pas à tout le monde ou qu'on brandisse l'éternel "encore un truc de bobo parisien" (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, moi je pense que ce doc parlera à tous).

Des choix consuméristes extrèmes (le parapluie qui ne sert à rien, le prêt à la consommation pour remeubler entièrement l'appartement, l'exécution du téléphone portable) qui ne déservent pas certes pas la narration (quand on s'engage dans une démarche de consommation militante on a tendance à faire des choix radicaux, qui se nuancent par la suite) mais qui, dans le cas de notre héros, auraient mérité un peu de reflexion.

Je vois beaucoup de critiques et de commentaires sur le fameux réfrigérateur. Alors big news, on peut très bien se passer de réfrigérateur, (remember quand t'étais étudiant en cité u), ça demande juste de l'organisation au quotidien, de consommer ou de cuisiner certaines choses le jour même ou en très petites quantités pour ne pas laisser périr. On peut se demander quels types de produits ou de services ont disparu suite à l'avènement du réfrigérateur dans les foyers.
Moi si je pouvais avoir juste 100g de beurre à la coupe pour mes deux prochains jours et me passer de frigo je trouverai ça plutôt pratique. Mais les crèmeries ont disparu.
Idem, est ce qu'on a besoin de manger des yahourts ? Pourquoi ne pas cuisiner tout de suite ces légumes au lieu de les laisser pourrir dans le bac ? Pourquoi est ce qu'on achète du fromage et de la charcuterie qu'on ne mange pas ? Et depuis quand tu n'as pas nettoyé ton frigo, d'ailleurs ? Tu crois vraiment que c'est tout safe à l'intérieur ?

Bref, ça pose plein de questions, et cette partie "consommer autrement" n'est presque pas abordée dans le documentaire, à part deux minutes de j'ai fais une soupe avec les légumes de l'AMAP et je stocke mes trucs à la fenètre. C'est dommage, mais bon, c'était un reportage sur le made in France, pas sur la décroissance :]

La mise en scène pénible de la compagne du narrateur.

Arnaud Montebourg, la caution gouvernementale fantoche du made In France, qui, même si son engagement dans le redressement productif de l'industrie française a inspiré le documentaire, me semble ici jouer un rôle de figurant paternaliste ("changez vos costumes, espèce de jeune" "Ho c'est bien petit, bien joué, je vous remets une médaille).
Un petit site web avec les bonnes adresses pour consommer français aurait été très utile (où trouver cette foutue brosse à dent dont j'ai déjà oublié la marque et le lieu de production ?!).

Ce que ce documentaire m'a donné envie de faire, ce que j'estime à ma portée (financièrement et de façon pratique).
- Acheter une brosse à dent française :D
- Recycler d'avantage mes objets de consommation courante, favoriser les systèmes d'échange locaux, le prêt, la consommation collaborative, bref tout ce qui permet de consommer moins de produits manufacturés fabriqués à l'étranger dans des conditions de travail pas super sympa..
- Continuer à visiter mon pays, de manière douce si possible (en vélo par exemple), sans m'interdire d'autres horizons (cf le point culture à la fin).
- Continuer à manger local.
- Me renseigner sur l'artisanat, l'économie, dans la démarche de favoriser l'emploi national (j'ai beaucoup aimé cette approche dans le documentaire).

Ce qui me semble difficile à réaliser :

Etre 100% française dans ma garde robe. Je pense surtout aux pantalons, je taille américaine et anglo saxon en général, ils ont compris que l'entrejambes des femmes pouvait dépasser 86cm, alors que les marques made in France s'arrêtent au standart longueur 75cm. Je voudrais bien porter un pantalon français bien coupé qui n'aille pas à la pêche aux moules et qui ne fasse pas un boule de grand mère, mais non. Faut pas pousser quand même. Et je vais pas m'habiller avec des espadrilles du pays basque et un chapeau à 300 balles. Par contre je peux choisir de mettre de l'argent de coté pour acheter 2 tee shirt made in France au lieu de rafler 6 tee shirt made in Bangladesh.

Etre 100% française dans mon ameublement et ma décoration. Par contre je peux choisir de privilégier les filières de récupération qui font travailler des gens en France, avant de me ruer chez le suédois.

Etre 100% française dans les services, l'électroménager et les NITC : comme souligné dans le documentaire, soit les industries ont disparu en France ou sont délocalisées (comme ton mixer Moulinex assemblé en Chine), soit l'Etat se désengage peu à peu ou a fait des choix stratégiques qui ne sont pas Made In France et ça je n'y peux rien (l'exemple de la base de donnée de l'Education Nationale est un iceberg qui cache la privatisation du rail en 2015, par exemple), soit ça me couterait trop cher de faire appel à un service client qui ne soit pas délocalisé au Maghreb pour gérer mes abonnements de téléphonie et d'Internet. Je pense que là, on n'a pas trop le choix, il va falloir penser également européen.

Etre 100% française dans ma culture et mes loisirs, parce que je pense que c'est un grave repli sur soi nationaliste et que la diversité enrichit.