Made in Hong Kong
7.4
Made in Hong Kong

Film de Fruit Chan (1997)

En 1995, le réalisateur Fruit Chan se met en tête de réaliser un film qui évoquerait le Hong Kong d’avant la rétrocession à la Chine. Ce sera Made in Hong Kong, un film à part réalisé avec un budget dérisoire et des acteurs amateurs. Sur un scénario qui donne la part belle à la jeunesse, Fruit Chan livre un film d’une étonnante vitalité. Les éditions Carlotta viennent d’éditer en DVD/Blu-ray une version superbement restaurée de ce film devenu culte.


Un film de personnages
Mi-Août – c’est son prénom – a déserté le lycée pour vivre de petits contrats mafieux. Il s’est mis dans la poche un camarade mentalement limité qui l’accompagne dans ses expéditions. Au cours de l’une d’elles, il fait la connaissance d’une jeune fille, Ping, dont il s’amourache. Le scénario s’attache à suivre ces trois jeunes gens dans un quotidien fait de flâneries et de violence fulgurante. De fait, Made in Hong Kong est d’abord, comme le souligne Fruit Chang, « un film de personnages fait pour les gens ». Le décor est celui des petits quartiers populaires que la rétrocession à la Chine inquiète parmi d’autres maux : suicide des jeunes, destructuration sociale et perte d’identité.


De bric et de broc
Curieusement, la question de l’indépendance qui traverse en filigrane le film est aussi celle qui a présidé à sa production. En effet, Fruit Chan avait jusqu’à présent signé uniquement quelques films commerciaux financés par des studios. Pour Made in Hong Kong il renonce à toute forme de financement extérieur afin de garantir sa totale maitrise du film. En guise d’économies les acteurs, tous très bons, sont trouvés dans la rue. L’équipe technique, quant à elle, fut réduite à la portion congrue avec un directeur de la photo démissionnaire remplacé au débotté par le preneur de son ! Le film est ainsi fortement marqué par le manque de moyens mais c’est aussi ce qui lui donne toute son originalité.


Une restauration au poil
C’est notamment le cas pour la photographie très particulière du film. Fruit Chan récupèrera en effet des stocks de pellicule périmée qu’il utilisera pour moitié. Le film a bénéficié en 2018 d’une restauration digne de ce nom. Avec un double défi : parvenir à gommer les bizarreries visuelles tout en réussissant à conserver le grain de la version originale. Pari réussi. Fruit Chan sera d’autant plus satisfait de cette restauration qu’elle s’est soumise à la seule condition qu’il avait posée : laisser dans une des scènes un poil récalcitrant qui s’était invité sur l’objectif de la caméra à l’époque. Il est toujours là. Comme une signature singulière. A vous de le voir !


8/10


Critique publiée sur le Mag du Ciné le 17/01/21

Theloma
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le 20 janv. 2021

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