Un retable cinématographique, une peinture religieuse (Duccio di Buoninsegna), un primitif italien au cinéma, c’est curieux, nouveau, et merveilleux.
Au début, on a un peu peur. Les sensations nouvelles ça fait toujours bizarre. Très vite on s'habitue, on laisse flotter son attention. L’écran, divisé en petites cases, s'emplit peu à peu de personnages, de bribes de paroles, nous racontant la Passion du Christ. Quand chaque personnage trouve la position exacte du tableau du Duccio, on marque un petit temps d'arrêt, puis la vie reprend.
Mais le merveilleux n'est pas là. Il est dans les perspectives cavalières réalisées “pour de vrai”, dans les fonds dorés à la feuille et la délicatesse précise des teintes des étoffes. Et aussi dans les auréoles vues de côté quand un disciple tourne la tête, dans le plan incliné de la table de la Cène et les colonnes souples qui permettent de loger tant de personnages dans un tout petit décor.
Le mariage du bricolé et de l'exact, du potache avec le sacré.
On en sort ravi, heureux, ébloui par tant d’ingéniosité, d'audace et de nouveauté.