Choc des cultures
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Le cinéma français peut-être encore plus que bien d’autres, a toujours bien cloisonné les films d’auteurs des produits plus grand public. En faisant de cette séparation le sujet même de son film, Lea Frazer, apparemment habituée à un registre plus du côté TF1 de la force, fait mouche.
Le principe de départ est particulièrement habile : en nous rendant complice de l’expérience réelle d’un comédien un peu beauf venu s’essayer sur les terres de Rohmer et que la nécessité rend opportuniste, nous baissons la garde. La première partie, purement comique, joue la carte du regard satirique et amusé qu’on peut porter sur le cinéma d’auteur : hors du temps, décalé, gentiment allumé, avec pour figure de proue un Lonsdale né pour ce genre de rôles. Pio Marmai, en Tartuffe du 7ème art, joue sur tous les registres, cite Verlaine et l’accompagne d’un « what else ? », contemple avec consternation un monde fauché et solidaire qui ne demande qu’à l’accueillir.
Car la réussite principale de film est de ne pas se cantonner à cette banale distinction entre wifi et scansion de L’Astrée, publicités ou film pastoraux, mais bien d’établir un parcours initiatique sans jamais tomber dans la lourdeur didactique. Si l’histoire d’amour est plutôt dispensable et pour le coup vraiment formatée, c’est le lien entre le comédien et son cinéaste lui offrant davantage qu’un rôle qui parvient à toucher. L’alchimie dissonante des deux univers fonctionne parce que chaque camp bénéficie de la même bienveillance de la cinéaste.
En résulte une utopie qui, à bien des égards, ressemble à celle du film mis en abyme : un tournage solaire, hors temps, où l’on réconcilie les amoureux torturés, avec fraicheur et sincérité.
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le 7 avr. 2015
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