Mahakaal A.K.A. The Monster est l'un des deux remakes non officiels made in Bollywwod du film de Wes Craven Les Griffes de La Nuit. Bien que lancé en production dès 1988, Mahakaal ne sortira que six années plus tard s'étant fait devancer sur les écrans par l'autre remake, photocopie, plagiat intitulé Khooni Murdaa. Mahakaal des frères Shyam et Tulsi Ramsay reprend les grandes lignes du film emblématique de Wes Craven tout en y ajoutant quelques séquences musicales typique du cinéma de Bollywood, de la comédie lourdingue, de l'action, de la baston, de la romance, du fantastique local et de nombreuses autres références balancées en vrac à des classiques du cinéma horrifique américain. A force d'en rajouter on arrive à la durée conséquente de 132 minutes pour raconter très mal ce que le film de Craven racontait si bien en 90 minutes.
Dans Mahakaal on va donc suivre la jeune Anita un lycéenne (25 ans pour l'actrice au moment du tournage) tourmentée par d'affreux cauchemar dans lesquels elle est poursuivit par un tueur dont la main est armée de griffes acérées comme des rasoirs. La jeune fille avec l'aide son petit ami et de son père policier va tenter d'élucider le mystère alors qu'autour d'elle les morts deviennent de plus en plus nombreux.
Mahakaal c'est donc Les Griffes de la Nuit version pâle copie épicée aux délires made in Bollywood dans laquelle les frères Ramsay nous offre une relecture à la fois proche et complétement à l'ouest du mythe de ce cher grand griffu brûlé au chapeau mou et au pull rayé. Si on taille dans le gras du film en l'expirant de ses scènes de comédies, de bastons et de ses clips musicaux (il existe d'ailleurs une version du film de 97 minutes) on retrouve en gros l'histoire et la structure du film Les Griffes de la Nuit avec toutefois quelques notables différences. Le tueur au centre du récit prénommé Shakaal devient ici un sorcier qui sacrifiait des enfants pour accroitre son pouvoir maléfique et la vindicte populaire ayant conduit à sa mort est remplacée par la vengeance personnelle d'un seul homme, celle de ce policier dont la plus jeune des filles à été tuée par cet esprit maléfique. Dans un premier temps Shyam et Tulsi Ramsay respecte assez bien la dualité entre les cauchemars et la réalité et surtout l'esprit onirique du film reprenant notamment la séquence durant laquelle l'héroïne s'endort en cours et voit apparaître le cadavre de son amie. Vers la fin du film en revanche les deux réalisateur semblent ne plus chercher la moindre cohérence et avoir totalement abandonné l'idée centrale du tueur pouvant provoquer dans des rêves des crimes bien réels, on se retrouve alors avec la jeune héroïne un temps possédée par l'esprit du tueur et un affrontement final dans un monde bien réel avec le tueur qui se fait botter le cul façon kung-fu par le petit amie d'Anita. Quant au tueur lui même il faudra oublier le charisme de Robert Englund et la figure fascinante de Freddy Krueger pour se contenter d'une sorte de grand dadais chevelu sans la moindre personnalité qui passe son temps à apparaître et disparaître en riant comme un méchant de dessin animé avec toutefois quelques apparitions assez drôle comme lorsqu'il sort d'un bocal à poisson presque vide dans un aquarium. Mahakaal reprend quelques scènes marquantes du film dont il s'inspire (si si un petit peu) avec quelques variantes comme la mort du petit ami de Sheema (Tina dans la version US) qui se retrouve ici attaqué par des serpents dans sa cellule . Mais Mahakaal ne se contente pas de copier comme un malpropre Les Griffes de la Nuit allant jusqu'à reprendre les musiques Elmer Bernstein et Christopher Young ( Les Griffes de la nuit 2) et l'on retrouve aussi au fil des 134 minutes des séquences directement inspirées par Evil Dead, Le Jour des Morts Vivants et Freddy 4 avec la célèbre séquence du matelas à eau. Un joyeux bordel des références pour un film qui tient plus du jeu des erreurs que de la joie des horreurs le film étant particulièrement soft sur la violence graphique tout en refusant toutes références sexuelles donc exit la fameuse scène de la baignoire.
Même si le film comporte quelques séquences qui tiennent la route et deux ou trois bonnes idées comme cet immense crâne dans l'antre du tueur qui semble être constitué de corps enchevêtrés, dans l'ensemble le film est d'une très grande médiocrité avec sa dramatisation à grand coups de répétitions de zooms kamikazes et ses apartés comiques et musicaux qui plombent totalement l'aspect fantastique du film et le plonge dans le joyeux bordel d'un divertissant nanar. On a tout de même la sensation que lorsque Shyam et Tulsi Ramsay ont terminés de copier les autres ils se retrouvent bien démunis et s'accordent à faire n'importe quoi nous offrant un clip kitschissime à la gloire champêtre du pique-nique, des scènes de kung-fu idiotes et même une série d'explosion sans queue ni tête alors que deux personnages explorent un cimetière. Mais le pire reste l'aspect comique du film avec l'acteur Johnny Lever (plus de 300 films au compteur) qui incarne ici pas moins de trois personnages tous plus insupportable de cabotinages et de grimaces les uns que les autres. En surrégime constant et sans la moindre notion du mot sobriété Johnny Lever se prendra tour à tour pour Michael Jackson, Terminator et Bruce Lee dans des séquences tellement ridicules qu'elle finiraient presque par faire sourire. L'humour de Mahakaal n'est pas très loin des pitreries des pires films de Phillipe Clair ce qui est objectivement assez loin d'être compatible avec une ambiance horrifique digne de ce nom. Pour comprendre l'originalité incongrue de Mahakaal il faut imaginer un improbable remix entre John Carpenter et Max Pécas avec des clips de Jean Pierre François dedans et vous aurez une petite idée de l'ensemble.
Mahakaal reste une curiosité amusante mais difficilement supportable sur sa durée, fort heureusement le film est assez mauvais pour prendre assez vite le parti d'en rire. Le cousin indien de ce cher Freddy ne m'aura pas beaucoup effrayé mais il m'aura bien fait rire.