Maison de retraite a cette façon détestable de regarder les personnes âgées comme de grands enfants sales, le personnel soignant comme des subordonnés soucieux de respecter les ordres et la direction comme une entreprise régie par la capitalisation. Non que ces caractérisations ne puissent se retrouver dans la réalité, la question n’est pas là. Le souci tient à la représentation de clichés qui n’évoluent pas et émanent non pas d’un public supposé mais des concepteurs de ce téléfilm qui s’efforcent, par diverses pirouettes scénaristiques honteuses, de rattraper leur dégoût par un pathos dégoulinant.
La mise en scène de la vie quotidienne dans l’EHPAD refuse la dignité de ses pensionnaires et brise l’intimité, la suggestion, la pudeur ; en lieu et place, une vulgarité de chaque instant qui s’avère d’autant plus artificielle que les scènes qui la diffusent résultent du fractionnement de séquences réparties sur tout le film. Le tournage avec les acteurs professionnels semble avoir duré une journée, scandé par de fausses interactions avec Kev Adams qui investit ce milieu comme un touriste idiot. Maison de retraite a des airs d’émissions télévisées réunissant autour d’un plateau des gens médiocres débattant médiocrement sur un sujet qu’ils pensent connaître. Le pire étant, certainement, l’hypocrisie d’une cruauté qui se cache sous le masque aimable de la compassion forcée.