"Mammuth" m'a donné une impression mitigée. Le pot de départ de la première séquence est un bijou d'humour de l'absurde, de parodie populaire. Le jeu d'acteur de Depardieu est excellent, pataud au corps bousculé par les évennements, le gimmick avec Poelvoorde sur qui sera le meilleur chasseur de pièces enfouie sous le sable ou l'altercation au supermarché sont très amusants, et le but du "road-trip" plutôt original. Ce n'est pas une satire acerbe populaire,comme ça a été dit dans quelques critiques, au contraire, les personnages sont traités avec beaucoup de tendresse sous le vernis de la médiocrité. Et cette tendresse se symbolise dans la scène du restaurant où les cadres fondent en larmes à la fin de l'appel d'un père et sa fille incapables de se retrouver, séparés par l'asservissement qu'est la vente de portails. Ces personnages sont écartelés dans un monde qu'ils ne comprennent pas parce qu'ils luttent trop pour s'en apercevoir.
Seulement le problème, c'est que cette tendresse vire vite à la candeur, voir à la fadeur d'une esthétique poético-arty, d'une philosophie du "carpe diem" pas très fine. La présence d'Isabelle Adjani et son personnage est franchement dispensable et la rencontre avec Miss Ming, sa nièce n'apporte vraiment rien au film, son côté perché crispe même un peu. On aurait préféré une fin plus intelligente que l'apologie assez faible de l'amour et de la liberté retrouvée.
Cela dit, le film est agréable, et a le mérite d'assumer sa légèreté.