Grand spectacle de destruction massive à conscience auteuriste!

Man of Steel était attendu comme un film messianique. Un reboot de grande classe qui allait amener Superman dans notre ère tout en évitant le kitsch du personnage et offrant une toute nouvelle vision de son histoire. Un blockbuster à la fois réaliste, épique, lyrique, grandiloquent comme pouvait nous laisser penser les images de la bande annonce ainsi que la présence au scénario et à la production de Christopher Nolan et de Zack Snyder à la réalisation. Alors certes le film répond à ces attentes mais pas de la meilleure façon qui soit.
En soit l'idée principal du film est crédible et qui plus est très bien adapté au contexte de la société américaine. Avant de devenir le héros d'une nation statut qu'il atteindra qu’en partie à la fin du métrage, Superman/Clark Kent est tout d'abord un immigré cherchant sa place dans le monde puis devient une machine de guerre au service de l'armée américaine afin de les sauver du chaos. A ne pas oublier que Zack Snyder est aussi derrière 300 et que le discours de la protection face à l'envahisseur est très prégnant dans Man of Steel. L'aspect science fictionnelle du métrage apporte un plus à cette idée dans le fait que Superman ne fait pas le choix d'être une arme mais c'est la vision que les gens ont sur lui qui l'amène à le devenir avant de les protéger. De ce fait nous sommes bien dans un film de super-héros à la trame classique. La peur de l'inconnu du peuple face à son sauveur avant d'avoir confiance en lui. Cette idée est on ne peut plus intéressante. Le cheminement du héros, la manière dont Clark devient Superman est pour ainsi dire montrer sans concession avec toutes ces réussites et erreurs. Un parcours cathartique au cours duquel l'identité et le choix deviennent fondamental pour le héros, ces motivations restant avant tout la protection de la famille et de la terre qui l'a accueilli. Ah que de bon sentiment, pas de fausses notes et même lorsque Clark accepte le statut de Superman en demandant conseil à un prêtre, l'image n'est pas ridicule, Superman dans sa mythologie devient une sorte dieu pour les hommes. La trame de Man of Steel est donc ce parcours. Et pour en revenir à l'idée que j'évoquais plus haut, Superman est au final vu comme une arme qui pourrait tout anéantir avant que les personnages le voie comme un sauveur.
Alors pourquoi le film se plante-t-il au final? En partie car derrière cette trame se cache un spectacle de destruction massive dont la folie furieuse n'a d'égal que sa pyrotechnie et dépasses-en moins d'une heure tous les films de Michael Bay réunis. Zack Snyder aura au moins réussi de ce côté-là. Je m'emballe un peu mais pas trop car au final dans la volonté de sauver le monde il y aura plus de morts que de vivants. Metropolis et Smallville réduite en cendres il fallait le faire et ils l'ont fait. Yeahh!!! Et au film de passer de blockbuster sérieux au grand plaisir coupable bourrin sans aucun recul ni aucune explication si ce n'est la volonté du méchant Zod de détruire la terre pour refonder Krypton. Okai cet argument est valable mais vu et revu dans moult films de science-fiction. Mais était-ce la peine de s'en donner à cœur joie dans la destruction massive. Qui plus est tout en shakicam, caméra à l'épaule et ça donne la nausée. Alors pour le plaisir du spectacle okai, pour la continuité de l'histoire et la cohérence euh là je crois que c'est mort!
D'un autre côté je reviens à cette trame classique dont je parlais plus haut. Le bât blesse car elle est morcelée entre flashback et présent. Cela en soit aurait pu être une très bonne idée et Nolan est une pointure en matière de montage parallèle et de conteur d'histoire. Mais on le retrouve ici que très peu. Et ces flashbacks monté en parallèle donne l'impression de saynètes coupés au montage sortis de nulle part juste pour apporter une justification en plus sur le parcours de Clark. Où est passé Nolan en fait ? Et bien il est présent par son style mais d'une mauvaise manière et de ce fait Snyder passe inaperçu. Le style Nolan avec l'aspect réaliste voulu pour Man of Steel ne marche pas si ce n'est juste dans la détérioration des couleurs qui évite aux costumes des personnages de tomber dans le kitsch. Le problème est la caméra à l'épaule. Allez on se met en mode reportage, on suit les errances de Clark a la manière d'un film indépendant, on pique les zooms à Star Trek sur les vaisseaux et on filme en mode énervé et au cœur de l'action pour toutes les scènes d'actions afin que le public en prenne plein la gueule. C'est un choix et une manière de penser qui pourrait porter ses fruits mais au final non. Tout simplement parce qu'on est dans un film de super héros et qu'il n'y a aucune image iconique. A aucun moment on ne ressent la puissance de Superman. On la découvre dans les scènes d'actions. Mais les vols ont beau être splendide, on ne ressent rien. L'icône est sacrifiée au profit du spectacle et de la pyrotechnie. Nolan iconisait Batman de plusieurs manières offraient des images fortes, Whedon prenait le temps d'iconiser ses héros en pleine bataille finale de The Avengers. Là Snyder n'en fait rien et c'est le problème. Superman au final pourrait être tout autre. En parlant de Snyder ma déception du fait qu'il avait une mise en scène très classique mais qui provoquait des sensations alors que là tout est sacrifié au spectacle. Voilà le problème de Man of steel C'est un spectacle mégalomane grandiloquent qui se regarde avec plaisir soutenue par une musique épique de Hanz zimmer mais ce n'est pas ce qui était attendu et l'histoire devient anecdotique par ses défauts.