Le meilleur Superman malgré la déception.
Sans doute le film le plus attendu de l’année ! Celui qui doit redonner une nouvelle chance au Kryptonien le plus célèbre de l’histoire, après que celui-ci ce soit lamentablement crashé dans Superman Returns. Une renaissance plus qu’emballante sur le papier, dû à l’association inattendue entre Zack Snyder et Christopher Nolan. Le premier étant réputé pour ses films hautement visuels (300, Sucker Punch) et qui s’est déjà essayé au film de super-héros avec brio (Watchmen). Le second, réalisateur et auteur de génie (Inception en est l’exemple) qui a su redonner à Batman (avec la trilogie The Dark Knight) ses lettres de noblesse (après l’ignoble Batman & Robin). De quoi s’en lécher les babines !
Et dès que démarre le film, on se retrouve tout de suite emporté ! Pour cela, il suffit d’un plan (celui de la naissance de Kal-El), d’une musique signée Hans Zimmer et d’un acteur au top de sa forme (Russell Crowe) pour que le film fasse aussitôt de l’effet. Et ça, ce n’est que le début ! Il suffit d’attendre encore quelques secondes pour découvrir la planète Krypton. Et là, le spectacle s’offre directement à nous, annonçant aussitôt à quoi va ressembler le film : un véritable déluge d’effets visuels tout simplement impressionnants (sans doute les plus beaux depuis quelques temps), où explosions et combats au corps à corps illuminent l’écran. Le tout rondement mené comme il se doit, avec une caméra aux déplacements à la fluidité irréprochable et un rythme effréné ! Et là, je ne parle que des premières minutes du film ! Alors imaginez cela sur une durée de 2h30 ! Bon, d’accord, disons qu’1h40 se présente ainsi. Mais pour un blockbuster exclusivement visuel, le résultat final dépasse toutes les espérances ! Hormis Krypton, Man of Steel se démarque également par ses combats énergiques et son action apocalyptique. Oui, apocalyptique ! Le film faisant encore plus fort qu’Avengers pour ce qui est de destruction. Pour vous en convaincre, il vous suffit donc d’assister à un duel. Juste un duel ! Qui aura pour conséquence l’effondrement de buildings, l’envol de véhicules en tout genre (voitures, camions, locomotives…), la « désintégration » du goudron des routes… Bref, un festival ! Ajoutons à cela des séquences de vol vraiment majestueuses, et vous obtenez le film qui offre à Superman (enfin) toute sa puissance et sa noblesse.
Mais Man of Steel ne s’arrête heureusement pas là ! Car qui dit nouvelle saga dit obligatoirement nouvelle distribution, nouvelles têtes. Et Superman Returns avait montré que remplacer les comédiens d’origine (Christopher Reeve par Brandon Routh, Margot Kidder par Kate Bosworth, Gene Hackman par Kevin Spacey) s’était révélé assez catastrophique (surtout de la part de Spacey, pourtant excellent acteur à son habitude !!). Gros risque donc pour Man of Steel pour donner un nouveau visage à ses personnages. Et finalement, le film peut se vanter d’avoir les meilleurs comédiens de la saga ! À commencer par Henry Cavill qui obtient son premier grand rôle et qui joue (enfin) convenablement, donnant à Kal-El / Clark Kent / Superman toute la sympathie et le charisme nécessaire du personnage. Puis vient Amy Adams, qui physiquement semble bien loin de la Loïs Lane d’origine, mais qui se montre amplement crédible, évitant à tout pris de jouer les nunuches de services. Michael Shannon se délecte de son rôle de Zod, offrant son regard de malade et des crises de nerfs d’anthologie. Kevin Costner, excellent comme d’habitude en Jonathan Kent. Russell Crowe magistral en Jor-El, faisant presque oublier Marlon Brando dans la saga d’origine. Et puis, n’oublions pas Laurence Fishburne, Diane Lane ou encore Ayelet Zurer, interprétant des personnages secondaires avec naturel.
Le visuel de Man of Steel ne serait rien sans ses costumes et décors, réinventés pour cette nouvelle saga (les effets spéciaux ne faisant pas toutes la puissance du rendu visuel d’un film). La combinaison de Superman, réinventée pour que celle-ci devienne bien plus crédible pour un univers qui se montre bien plus réaliste par rapport aux films précédents (le slip rouge en moins, la texture du costume, le « S » qui finalement signifie Espoir et non Superman, la cape brillamment animée par ordinateur…). Sans oublier celles des Kryptoniens, dont le design rappelle fortement le travail de H.G. Giger (Alien). Pour ce qui est des décors, il a fallu également refaire certains « look » pour présenter un nouveau visuel à l’univers Superman. Un constat qui en met plein les yeux dès le début avec Krypton. Fini la planète blanche aux allures de cristaux, places à une sorte de Géonosis (plaines désertiques, montagnes digne du Colorado), avec sa faune et des vaisseaux (et autres accessoires « aliens ») qui envahissent l’écran.
Et n’oublions pas non plus la musique de l’incontournable Hans Zimmer (qui avait déjà imposé sa patte sur la trilogie The Dark Knight) ! Difficile de faire oublier le thème composé par l’immense John Williams. Ici, le compositeur nous livre des partitions différentes, qui donnent au film une puissance démesurée aux séquences d’action, à l’immensité des vaisseaux, aux envolées de Superman… Si le visuel dévoilait un univers spectaculaire et majestueux, la musique d’Hans Zimmer arrive à renforcer ce constat sans trop de difficulté, donnant une dimension intime mais également épique à Man of Steel.
Le film parfait en quelque sorte ! Alors pourquoi une déception ? Eh bien tout simplement parce que le film ne remplit pas son cahier des charges niveau scénario. La faute à Christopher Nolan ? Non. En décortiquant les paroles et détails du film, on sent bien que le réalisateur d’Inception a voulu offrir à Man of Steel une approche plus sombre, plus psychologique : comment les humains vont réagir en apprenant l’existence d’un être tel que Superman, pourquoi ce dernier devrait les sauver ? Les ambitions du général Zod travaillées au maximum. La raison pour laquelle Jor-El envoie son fils sur Terre. À quoi sert le Codex. Le fait que sur Krypton, les naissances soient contrôlées (ce qui définit le caractère de Jod et celui de Kal-El). Tant de détails qui faisaient de Man of Steel un véritable bijou, au niveau de l’intrigue. Et pourtant, à aucun moment le film ne semble décoller de ce point de vue. La faute au scénariste David S. Goyer, qui a tout simplement adapté l’histoire de Nolan à la va-vite, expédiant les idées de ce dernier juste par le biais de répliques expédiées comme si de rien n’était. De ce fait, Man of Steel n’est pas le film travaillé qu’il aurait dû être, mais juste une histoire visuelle qui ne semble même pas avoir peur de la niaiserie (certaines répliques mal placées comme « Le monde est trop grand – Alors rapetisse-le » qui sonnent faux, des plans cucul la praline tel Clark et Loïs se retrouvant face-à-face dans le désert et se tenant la main…). La faute également à Zack Snyder qui se permet de faire du Nolan en montant son film en flashes-back, notamment pour évoquer la jeunesse de Clark. Seulement voilà, il n’y a que Nolan pour faire du Nolan : les retours en arrière sont mis n’importe comment dans la trame, gâchant les transitions (on a vraiment l’impression qu’il manque des scènes) et provoquant parfois l’ennui (les flashes-back désintéressant le public de l’histoire). Sans oublier le fait que la majorité des personnages secondaires pourtant important (comme Jonathan Kent et Perry White) se retrouvent minimalisés dans leur rôle par rapport à Superman. Là est la véritable déception !!
Que dire, que dire ? Que Man of Steel est le meilleur film de Superman qui puisse actuellement exister ? Oui. Le rendu visuel, l’action dévastatrice, la distribution et la musique d’Hans Zimmer ne démente pas ce constat. Est-ce le film tant attendu ? Non. Car avec Nolan à l’écriture, on était en droit d’attendre le summum ! Malheureusement, David S. Goyer et Zack Snyder se sont appropriés son travail pour l’arranger à leur sauce et ainsi nous livrer ce spectacle en tout point magistral mais qui parait scénaristiquement bien fade. Mais bon, considérons pour l’instant Man of Steel comme le Batman Begins de cette nouvelle saga et espérons que la seconde sera la bonne (ah, The Dark Knight – Le Chevalier Noir !!).