Que "Man of Steel" soit un mauvais film, est une chose. Que Zack Snyder ait préféré assommer le spectateur sans cesse de zoom et flares au lieu de faire du vrai cinéma, qu'il ait fait que chaque ligne de texte et chaque personnage soit juste des prétextes à des scènes d'action, qu'il ait voulu tuer Kevin Costner en le faisant se sacrifier pour sauver son chien, au fond, cela ne constitue rien de préjudiciable.
Aussi fort notre amour du cinéma soit il, la pièce de son art la plus médiocre en demeure pas moins un objet inoffensif, une fois sortie des salles obscures.
"Man of Steel" lui ne l'est pas.
Car "Man of Steel" au delà d'être un long métrage dénué de qualité et qui mérite dans ses attributs artistiques tout les quolibets du monde, c'est aussi, surtout, avant tout une idéologie.
Vous aimiez que Superman devienne au fil du temps la représentation du Christ sauveur dans les précédentes adaptations ?
Ici, il est ni plus ni moins que Messie, Eglise et Saint Esprit Américain.
Chez Donner, Jor El était juste un père aimant sauvant son fils d'une mort certaine inculquant à son fils l'importance de la vie humaine.
Ici, il est le défenseur du créationisme, de la nature telle que Dieu l'a entendue.
Sur Krypton, Le père se bat contre son peuple ou chacun né par procréation artificielle.
La génétique (la science au sens large) y est forcément eugénique.
Elle est l'opposé de "la liberté" ce grand bien au dessus de tout les biens que Jor El défend ardemment, en clamant volontiers que chacun doit être libre de devenir ce qu'il veut au sein de la société.
Pourtant il envoie son fils sur la planète ou il a nul autre choix que d'être leur sauveur, encore et toujours selon Russell Crowe.
Sauver est un passe temps dans Man of Steel (un petit peu de temps à autre), la ou dans le Superman de Donner c'était le but premier.
Chez Snyder, il faut terrasser l'ennemi, représenté par Zod symbole ultime du mal comme l'entende les Américains.
Il est un porte vêtement de tout les habits du démon que l'on connait chez l'Oncle Sam en cela dans son but de "Terraformer la Terre".
A comprendre ici "métamorphoser brutalement" l'Amérique.
En quoi ?
La dessus le film ne le dit pas à voix haute.
Mais son utilisation des symboles le trahit: que ce soit dans l'historique de Krypton que livre Jor El à Superman (avec les images évoquant la propagande stalinienne) ou sur le symbole même de l'uniforme de Zod pas très loin de la faucille et marteau, l'antagoniste est sans doute communiste.
Il est supporter de l'eugénisme donc aussi Nazi.
Mieux encore, la Kryptonienne sosie de Nina Hagen déclarera a voix haute, "Nous sommes l'évolution" à un Clark Kent qui dans une autre scène allait sagement à l'Eglise, et laissait guider ses choix par un pasteur.
L'ennemi y'est Darwin; dans un sens large, tout ceux qui voudraient remettre en cause La Religion Judéo Chrétienne.
Si les croyances sont en danger alors par syllogismes, l'Amérique et le monde le sont aussi.
Zod auparavant était un simple autocrate dominateur.
Aujourd'hui, il est toutes les peurs de l'extrême droite américaine, dont la somme veut évidemment l'anhilation des USA.
Man of Steel sonne comme un "Etat de l'Union" fédérant non seulement l'Amérique mais aussi le monde par l'adversité.
Dans le but évident de sauver cette chère "liberté".
Et surtout l'idéologie Républicaine extremiste.
On y déguise le message dans une épaisse couche d'action, de baston, destruction pour une nation trop souvent connue pour son addiction à la violence ou les Kryptoniens incarnent le fantasme anthropomorphisé de l'Arme de Destruction Massive.
Il détient le permis de tuer, simplement parce qu'il a des remords après la ou Michael Shannon devait évidemment assassiner sans émotions.
Superman montre l'exemple en avouant dans le dialogue qu'il est loyal au Gouvernement Américain la ou il aurait pu dire qu'il est loyal a l'humanité.
Bienvenue en 2013.
Le super héros ne sauve plus.
Le symbole est detourné, manipulé, comme le prédisait Orwell pour tant d'autres.
Aujourd'hui Superman, avec la demande des spectateurs du monde, il frappe, il cogne. Il est la punition au nom de dieu, guidé par le poing du gouvernement Américain.
Il est Hard Power de fiction, Soft Power reel.
Il est plus que l'homme d'acier.
Il est l'homme nouveau.