J’aimerais aimer Snyder, en tout cas il a le mérite de ne pas me laisser indifférent, c’est déjà ça. Si j’adore les thématiques qu’il aborde dans ses films (ici mythe du surhomme, messianisme, eugénisme) je déteste la façon dont il les développe car il débouche toujours sur quelque chose de pas clair, caricatural, à défaut d’être vraiment symbolique, mythique, voir mythologique.
Les représentations chez Snyder sont d’une lourdeur totale à défaut d’être vraiment profonde symboliquement (n’est pas Clint Eastwood qui veut) et au service d’une idéologie de merde (et je suis pourtant loin d’être un intello-bobo bien-pensant).
La thématique de l’eugénisme/procréation naturelle n’est pas là par hasard mais l’eugénisme c’est forcément mal… (oui, le développement du propos s’arrête là dans le film, désolé).
Il y a aussi le passage dans l’église (tu l’as vu ma GROSSE CROIX !!!! Tu l’as vu mon beau vitrail, c’est JOSEPH !!! Je m’appelle Zack Snyder et je mets du symbole facile partout, partout, les intellos vont aimer ! Les bons chrétiens vont adorer !)
Certains dialogues entre père et fils en rapport avec la religion sont vraiment très peu subtils, en plus d’être orientés (Allez moi Zack Snyder je rajoute quelques bons dialogues fastoches et passe-partout pour APPUYER encore mon propos et ma symbolique).
Ce qui dérange vraiment c’est pas tant que le film reprenne la symbolique judéo-chrétienne (je suis même carrément pour, ce que Donner a fait sans jamais tombé dans le caca) que le fait qu’il trempe dans une eau bénite pas claire qui fera la joie des intégristes chrétiens et d’une certaine Amérique arriérée.
Je passe sur la représentation fasciste ou plutôt communiste de Zod et ses sbires, particulièrement quand Jor-El fait une petite leçon d’histoire à son fils ou encore sur le pro-américanisme débile justement.
Ce qui me déçoit le plus c’est que Nolan et Goyer (les scénaristes) qui avaient développé un propos intelligent avec Batman Begins tombent ici dans la connerie intellectuelle (mais ça avait déjà commencé sur The Dark Knight Rises, pas toujours très clair ni abouti) en plus d’écrire avec les pieds (et ça c’est presque plus grave)…
Car si ces dérives ont retenu mon intellect (que d’ailleurs la plupart des spectateurs ne verront peut-être pas), pour le reste, je me suis grave fait chier. C’est plat, prévisible et sans saveur. Il n’y a que quand Superman tue Zod qu’il y a un semblant de quelque chose…
Heureusement que Snyder limite ses effets de ralentis à la noix… Mais il n’a quand même pas oublié de me faire rire ! En 2007, devant 300, je me suis tapé mon plus gros fou rire en salle devant le ralenti sur la tête décapité d’un général de l’armée perse. Ici le plan avec Jonathan Kent qui disparaît après avoir sauvé son chien est juste à se pisser dessus !
Je suis pourtant allé voir ce Man of Steel en essayant de me démarquer de tout préjugé mais Snyder est toujours égal à lui-même.