Mamma Mia
Un film de fantasy à la thématique singulière pour le genre, le côté épique habituel passe au second plan afin de s'attarder sur l'envers du décor à travers des thématiques ordinairement délaissées...
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le 4 nov. 2019
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8 juillet 2018. Dernier jour de la Japan Expo. Plusieurs films d'animation japonais qui doivent sortir prochainement sont présentés. Parmi ceux-ci, un retient mon attention : Maquia (ou Sayonara no Asa ni Yakusoku no Hana o Kazarō, titre version longue).
Les ingrédients de la bande-annonce ont tout pour me plaire : de l'action, du suspens et des larmes. En tout cas, c'est comme ça que je vois la chose. Et puis ça a l'air bien fait.
Finalement, ce n'est que sur ce dernier point que je me suis pas trompé. Le film est très beau, les images foisonnent de détails, on en prend vraiment plein les yeux.
Ce que je reproche au film ? Ben, un peu près tout le reste. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut que je vous présente rapidement de quoi ça parle.
Donc Maquia se déroule dans un monde fantasy, où l'aspect fantastique se limite à deux légendes :
- des Renatos, une espèce de dragon en voie de disparition ;
- le peuple d’Iolph, dont les membres sont immortels, et qui pour cette raison vit à l'écart du monde des humains.
De ce peuple ne reste plus qu'un clan, à qui appartient Maquia, 15 ans et toutes ses dents. Un jour, des soldats du royaume de Mezarte surgissent : ils veulent le secret de l'immortalité. Bien entendu, Racine, la chef d'Iolph, est plutôt réticente. S'ensuit un terrible affrontement au cours duquel le peuple d'Iolph, armé de peignoirs blancs et de redoutables métiers à tisser, se prend une raclée.
Malgré elle, Maquia parvient à s'échapper, abandonnant ses deux meilleurs amis, Leilia et Krim. Alors que dans son désespoir elle veut mettre fin à ses jours en sautant d'une falaise, elle entend des pleurs au lointain. Prenant son courage à trois mains, elle décide d'aller voir : elle tombe sur un bébé pleurant dans les bras de sa défunte mère, fraîchement assassinée. Elle décide alors qu'elle sera sa nouvelle maman.
L'histoire commence donc vraiment à ce moment-là, et elle va se limiter surtout à la relation entre Maquia et son fils, Ariel. On va donc voir Ariel grandir, Maquia essayer de l'élever du mieux qu'elle peut tout en chouinant assez régulièrement, et ceci jusque dans la dernière partie du film. Le gros problème, c'est que tout le reste est traité en mode OSEF...
Le peuple d'Iolph ? On s'en fout.
Pourquoi ils sont immortels ? On s'en fout.
Les autres personnages ? On s'en fout.
Les Renatos ? On s'en fout.
Le prix de l'huile d'olive à Mezarte ? On s'en fout.
L'univers est totalement sous-exploité, et cela très volontairement. On n'apprend rien sur le moitié Iolph/moitié moldu, ni sur Medmel, alors que ce sont des personnages dont la question de la filiation aurait pu rejoindre la relation entre Maquia et Ariel. Les motivations de certains personnages ne sont jamais expliquées.
Tout est centré uniquement autour de la relation entre Maquia et Ariel, et même ça, ce n'est pas réussi. Le garçon n'est vu que par rapport à sa mère. Il y aurait eu matière à développer, notamment autour de la question de l'âge (une mère de 15 ans quand on en a plus, quel effet ça fait ?). Mais les dialogues restent souvent très limités, et les problèmes relèvent surtout de l'implicite.
Du coup, quand Ariel devient plus grand, on ne comprend plus trop ce qu'il pense de sa mère. Par contre, tout est fait pour soulever le pathos, accompagné par une bande-son qui s'y prête très bien. Maquia garde la même attitude tout le long (comme quoi, la maturité n'existe pas chez le peuple d'Iolph) : elle finit par devenir énervante.
À la fin, il y a enfin un peu d'action, avec une belle petite bataille au cœur de Mezarte. Mais ça n'apporte absolument rien à l'histoire, ça sert juste d'artifice pour précipiter les choses et amener la conclusion. Et un personnage meurt comme une m**** alors que c'était le seul qui avait de vraies convictions.
Bref, Maquia aurait pu être une aventure épique, avec une mère et son fils traqués partout dans le monde. On aurait pu avoir un questionnement intéressant autour de l'immortalité.
Mais il n'y a pas d'enjeu dans ce film, jamais les deux personnages principaux ne sont réellement en danger. Donc si vous voulez un truc style tranche de vie/drame larmoyant, ça devrait vous plaire. Sinon, vous ferez comme moi, une indigestion.
NB : à l'origine, j'ai publié cette critique sur un autre site.
Créée
le 24 avr. 2019
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