Sicilia, amore mio
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le 25 juin 2013
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Marchand de rêves est un film qui porte bien son nom. Il retrace l’itinérance de Joe Morelli, un dénicheur de talent pour le cinéma en Sicile. À bord de sa camionnette, il auditionne et enregistre les candidats et leur donne ce que l’homme chéri le plus, l’espoir.
Sous une forme de road-movie détourné, Giuseppe Tornatore fait la part belle au peuple sicilien qu’il présente sous toutes ses coutures. Alors bien sûr on peut lui reprocher cette succession de personnages se confiant à la caméra, mais bon dieu, c’est impressionnant de voir ce petit bout d’âme qu’il parvient à insuffler dans chacun d’entre eux. Il capture l’émotion dans les paroles d’un berger philosophe, dans les yeux d’une jeunette qui a complètement mordu au discours. Le réalisateur ne juge jamais son personnage, se posant plutôt en observateur malicieux ou plus grave quand les circonstances le requièrent.
“Profile destro, profile sinistro, profile centro”. Ses mots qui sortent de la bouche de Joe résonnent telle une litanie. À force de répéter inlassablement ces mots, le personnage principal tombe dans une caricature de lui-même, il n’a même plus conscience d’être un petit malfrat, il s’approprie son rôle comme si avec le temps il lui était devenu échu. Sa chute n’en sera que plus rude.
Sergio Castelletto évolue dans le même registre que Tim Roth dans La Légende du Pianiste sur l’Océan. Prisonnier de sa solitude, il mène une existence de baroudeur et refuse de laisser la moindre personne s’attacher à lui. La jeune Beata (Tiziana Lodato) en fera l’amère expérience. Malgré toute sa pugnacité, Joe persistera à la repousser jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Au-delà de son intérêt purement contemplatif, Marchand de rêves possède une dimension poétique peu surprenante quand on connaît l’amour que voue Giuseppe Tornatore à son île natale et la manière dont il arrive à le magnifier dans ses œuvres.
Sous son apparence qui peut sembler parfois un peu redondante, Marchand de rêves cache une magnifique leçon d’humanité et les dix dernières minutes, absolument sublimes, laissent sans voix. Dans la même veine que Cinema Paradiso, je suis resté scotché devant ce défilement d’images, de visages, qui provoquent empathie et mélancolie.
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le 14 avr. 2021
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