Azteque Saignant

Mardi Gras Massacre est un petit film d'horreur américain écrit, produit et réalisé par Jack Weis dont la maigre carrière se terminera après ce cinquième long métrage. Cette petite production fauchée qui lorgne vers les films de Hershell Gordon Lewis pouvait laisser entrevoir à un slasher consacré à un jour férié comme il en existe tant, mais il n'en est finalement rien puisque l'on assiste ici au parcours d'un tueur de prostituées dans le cadre de la nouvelle Orléans.

Mardi Gras Massacre nous plonge donc dans un univers de meurtres rituels et des nuits chaudes de la Nouvelle Orléans avec un tueur qui sacrifie des prostituées afin de ressusciter une déesse aztèque nommée Coatlicue.

De par son intrigue, son ambiance et ses séquences gore, Mardi Gras Massacre évoque clairement un mélange d'influences entre Blood Feast et The Gore Gore Girls de Hershell Gordon Lewis, à tel point que l'on est même parfois pas loin du plagiat pur et simple. Mais à défaut de la moindre originalité, Mardi Gras Massacre va se distinguer par quelques ambiances bien posées et surtout d'innombrables maladresses parfois très drôles qui font pencher le film vers le sympathique nanar. Il faut déjà savoir que Mardi Gras Massacre est un film terriblement répétitif avec le tueur qui écume bar et boîte de strip-tease à la recherche de la fille la plus méchante et diabolique qui soit, puis il rentre chez lui paye un petit verre de vin à sa future victime (On peut être psychopathe et avoir un minimum de savoir vivre) avant d’entamer le processus du sacrifice. Les jeunes filles, jamais très perturbées de se retrouver dans une telle situation, se retrouvent attachées nues sur une une sorte d'autel, le corps enduit d'huile de massage avec un type en toge portant un masque en métal et une dague plus longue que le zboub de Rocco... C'est seulement lorsque le type leur entaille la main , puis le pied avant d'entreprendre de leur arracher le cœur que les jeunes victimes semblent enfin réaliser que le type possède tout de même des fantasmes un peu singuliers. En tout cas cette mécanique se reproduit au moins trois fois quasiment à l'identique dans le film (une des filles semblent toutefois un poil plus perspicaces que les autres) ce que par indulgence critique j'attribuerais à une volonté de bien montrer tout l'aspect rituel et cérémonial des meurtres et non un flagrant manque d'imagination. Les effets gore plutôt rudimentaires restent efficaces même si les faux bustes des victimes font d'autant plus factices que même en gros plans ils sont mal cadrés laissant voir sur les bord de l'image les limites du moulage ou même la main baladeuse d'un technicien. Le film comporte d'autres savoureux petits accidents de mise en scène comme lors d'une scène dans un restaurant ou l'on voit clairement plusieurs figurant auxquelles on aura visiblement donné aucune indication de jeu ni truc à grignoter et qui se retrouvent totalement figés et immobiles sans savoir quoi faire et en attendant que ça se passe avec dans le regard tout le désespoir de l'abandon d'une plante même pas vivace.

Le film se double tout de même d'une intrigue pseudo policière avec deux flics chargés mollement de l'enquête. L'un d'eux à l’irrésistible et frétillante moustache en profitera pour vivre une romance très fleur bleu avec une prostituée interrogée dans le cadre de l'enquête. Nos deux flics possèdent une perspicacité à peu près proportionnelle à leur efficacité et c'est un pur régal de les voir partir tranquille boire un coup alors que l'on vient pourtant de leur donner l'adresse du tueur ou tenter en vain de défoncer une porte à coups de pieds et d'épaules avant de faire venir les pompiers pour les aider en désespoir de cause. C'est d'ailleurs l'une des nombreuses incohérence du film puisque derrière cette foutue porte se trouve tout de même le tueur qui visiblement est un peu dur de l'oreille vu qu'il se fout comme de l'an quarante des deux zigotos qui tente d'exploser sa porte d'entrée. Pour couronner le tout le tueur est avec une prostituée qui l'a déjà vu et identifié mais qui semble totalement avoir oublié qu'il tue des jeunes femmes ; même si au détour d'un dialogue elle dira que pour une prostituée tous les hommes se ressemblent ça reste dur à avaler en matière de cohérence narrative. On croisera aussi un spécialiste des rites et sacrifices qui jette un œil discret sur ses notes ou plus vraisemblablement son dialogue et une sorte de souteneur chevelu qui parle en faisant des rimes et en chantonnant, le tout en jouant du piano invisible comme un mix improbable entre un sinistre proxénète, Francis Lalanne et Michel Legrand. A noter aussi le véhicule de police le plus ridicule que j'ai eu l'occasion de voir dans un film puisqu'il s'agît d'une sorte de mini camion benne type voiture sans permis, le genre de véhicule avec lequel la honte te tue avant même d'entamer la moindre course poursuite.

Le film s'accompagne également d'une bande son super disco/groovy/funkytown assez amusante avec tout de même deux trois musique d'atmosphère horrifiques un peu kitchouilles pour l'ambiance. En tout cas la bande son colle assez bien aux ambiances nocturnes et chaudes de la ville et elle fait même sont petit effet lorsque nos deux flics arpentes les rues de la Nouvelle Orléans en interrogeant sa faune nocturne. D'ailleurs globalement malgré ses amusants défauts et son rythme redondant, Mardi Gras Massacre est plutôt agréable à regarder avec notamment un casting qui a défaut d'avoir fait carrière par la suite fait le boulot au registre du minimum syndical.

Sympathique curiosité horrifique délicieusement mauvaise, Mardi Gras Massacre reste un chouette divertissement pour les amateurs de cinéma bis, de nichons et de gore fauché. Mais bon dieu, je suis pile poil dans le cœur de cible !