Voix de garage
Marguerite avait a priori tout pour me déplaire, appartenant à cette catégorie de films français qui n’est pas la mienne, à la fois ambitieux dans leur volonté d’imiter les biopics à l’américaine...
le 27 sept. 2015
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Ce film a enchanté la critique. Tous ont fait courbettes, tous ont acclamé, tous se sont levés et ont applaudi. J'ai essayé de comprendre pourquoi...
Premièrement, la prestation de Catherine Frot. Elle n'a plus à démontrer quoi que ce soit et, pourtant, elle nous prouve encore son génie créateur. Elle incarne avec classe l'étonnante Marguerite : riche héritière passionnée par la musique et le chant. Elle fait vivre devant nos yeux un personnage haut en couleur, qui est passé à côté de sa vie et qui tente de se rattraper comme elle le peut, grâce aux moyens confortables dont elle dispose. Marguerite est ridicule, elle a sa place au cirque ou sur une scène de one-woman-show. Pourtant pas une seconde on a l'envie de se moquer. Jamais. Grâce au jeu impeccable de Frot qui fait de cette excentrique une personne très humaine et touchante.
Deuxièmement, la construction de l'histoire : tout tourne autour de Marguerite. Le contexte (le bouleversement de la société française après la guerre), les personnages secondaires (le journaliste, l'anarchiste, son mari, son majordome), la mise en scène... Tous gravitent et sont attirés par cet atome foudroyant. Ils construisent ses fantasmes, pierre après pierre, parfois malgré eux. Et tout reste cohérent ! C'est ce qui donne de la mâche au film. Mon cerveau tournait à 100 à l'heure pendant le visionnage pour capter toutes les informations. Et je n'ai pas été submergée, grâce à la patte de Xavier Giannoli.
C'est ma 3ème raison. Giannoli n'a pas fait un film incroyable, qui restera gravé dans les mémoires. Il n'a fait qu'adapter (avec brio et élégance) une histoire vraie. Autant son personnage a de la folie à revendre, autant le réalisateur a choisi la dignité. Dignity always dignity ! Certains le lui reprocheront. Il aurait pu aller encore plus loin, comme il le laisse entrevoir avec ses deux agitateurs. Ça me va. Ça ne fait que ressortir plus encore le côté humain.
En parlant d'humains, il est intéressant de s'arrêter sur deux personnages. Le moins évident, le mari. Il est malheureux et ne fait que subir les évènements. Il aurait pu s'enfuir à plusieurs reprises, pourtant quelque chose le retient et le ramène toujours à sa femme. C'est probablement lui la cause de tous ces problèmes. Freud irait même jusqu'à dire qu'il a provoqué l'hystérie chez Marguerite... Hystérie qu'essaye de contenir Madelbos. Serviteur dévoué, toujours dans l'ombre de sa maîtresse pour mieux la mettre en lumière. Lui aussi on pourrait le blâmer !
Vous l'aurez compris, "Marguerite" est un film qui vaut le détour. Pas forcément pour les critiques qui l’encensent, pas non plus pour en faire LE film de l'année. Plutôt pour mettre un peu de poésie dans toute ces couleurs sombres.
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Créée
le 1 mai 2017
Critique lue 214 fois
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