Marie Stuart, Reine d’Écosse réécrit l’Histoire à la lumière anachronique des enjeux sociaux-culturels contemporains et, en inscrivant cette relecture dans un cadre strictement historiciste où tout suinte la reconstitution minutieuse, se prend les pieds dans le tapis. Détourner la réalité pour en proposer une parabole à charge aurait pu fonctionner à condition que la démarche établisse une distance entre le sujet et son traitement. Or ici il n’en est rien. Par conséquent, le propos politique sonne désespérément creux et gratuit, et la qualité relative à la reconstitution historique en pâtit. Toute l’œuvre est prise d’une bipolarité navrante : d’une part la fougue de la jeunesse, d’autre part les réunions stratégiques où jaillissent peurs du complot et poncifs dignes d’un orateur mal réveillé. Josie Rourke avance avec des semelles de plomb et semble chercher tout élément qui pourrait choquer : et des scènes de sexe à rallonge et la cause homosexuelle et la condition de la femme. Par le pouvoir, l’homme a été changé en monstre ; dès lors, toute femme au pouvoir en subit la contagion et devient, à son tour, monstrueuse. Non que l’idée soit mauvaise ; seulement aurait-il fallu un peu de subtilité dans le traitement. Marie Stuart apparaît telle une figure de médiation qui comprend et défend les bonnes causes, fait rire et se montre à l’écoute voire décomplexée quand il s’agit de sexe (car de sexe il s’agit presque couramment). Et que dire lorsqu’elle pardonne à l’homosexuel – qui s’était travesti d’ailleurs quelques scènes auparavant, pour que l’amalgame soit complet – en tenant, par la même occasion, un discours sur la nature humaine : « Vous avez succombé à votre nature », blablabla. En somme, Marie Stuart, Reine d’Écosse c’est un peu l’Histoire relu par les pages Gala mais qui bénéficierait de deux atouts majeurs : la performance de Saoirse Ronan et la composition musicale signée Max Richter qui tentent, respectivement, d’insuffler une âme et de souffler des émotions à un film trop balourd et caricatural pour convaincre.