Quelques mois après la sortie d’Independence day, le réalisateur Tim Burton sort lui aussi son film d’invasion extraterrestre avec Mars Attacks, film de science fiction se voulant parodique des séries B des années 50. Après avoir réalisé Ed Wood, le réalisateur met de coté le noir et blanc pour des couleurs flashy d’un film comique à l’ambiance délicieusement kitsch et au second degré. Replongeons dans cette œuvre culte où les petits hommes verts à la grosse tête viennent envahir la Terre…
Une parodie d’Independence day ?
Independence day sortait sur nos écrans le 2 Octobre 1996, Mars attacks sortait le 26 Février 1997, soit un peu plus de 4 mois d’intervalle. Les scénarios des deux films se suivent, affichant presque le même acheminement, il est encore question de se moquer de l’irritant patriotisme américain ainsi que les valeurs américaines. Pas de doute possible, Mars Attacks, même si son ambiance est complètement différente, est une parodie d’Independence day mais pas que…
En effet, Tim Burton c’est aussi amusé à parodier des romans et des séries B de science fiction des années 50 dont le principal : La guerre des mondes, de Byron Haskin. Le deuxième film dont le réalisateur c’est inspiré, c’est Les soucoupes volantes attaquent, film sorti en 1956. On pourrait aussi citer Plan 9 from Outer Space d’Ed Wood (dont Tim Burton lui rendait hommage en faisant le biopic , 3 ans avant Mars Attacks). Mars Attacks est même gorgé de références comme celles sur Gozilla ou Les survivants de l’infini dont l’apparence des aliens portant une combinaison de cosmonaute verdâtre et possédant un cerveau surdéveloppé et démesurément gros, en est totalement inspirée.
En regardant de plus près ce film, on s’aperçoit que Burton s’en est inspiré sur bons nombres d’éléments : l’aspect des soucoupes volantes ovales, les scènes de destructions, l’incompréhension humain/aliens ou bien les pistolets désintégrateur. Mars attacks est du pur hommage aux films d’extraterrestres des années 50. Esthétiquement, notre film rappelle ces vieux films. Le tout avec des effets spéciaux moins vieillots, plus modernisés mais ça reste très kitsch, et c’est ce qui en fait tout son charme.
Que ce soit le travail sur les décors, le design des aliens, le look des personnages, l’ambiance, c’est du made in fifties. Au départ pourtant, l’inspiration de Burton pour son œuvre lui vient de son enfance lorsqu’il faisait la collection de cartes à collectionner Topps. Cartes qui ne sont pas sans rappeler ces vieilles cartes de base-ball qui valent maintenant une petite fortune. Ces cartes, il en existait et en existe toujours aujourd’hui. Celles dont Burton c’est inspiré racontaient une terrible invasion de martiens qui mettaient la Terre à feu et à sang. C’est à partir de cette album de cartes que la créativité, l’imagination du réalisateur a une fois de plus fait des merveilles.
Les personnages principaux
Pour un film de ce genre, il faut un casting qui en a suffisamment dans le pantalon pour nous captiver. Et pour ça, Tim Burton sait toujours y faire et même s’il recyclera certains de ces acteurs fétiches qui avaient travaillé avec lui sur d’autres projets, il y aura de quoi être surpris.
Jack Nicholson dont on pensait connaitre tout le talent prouve qu’il a encore d’autres cordes à son arc en interprétant non pas un mais deux personnages. Le premier est un des personnages principaux, le président des Etats Unis. Un président vaillant mais incapable accompagné par un de ses conseillés militaires (interprété par un Rod Steiger qui surjoue brillamment) ne pensant qu’à atomiser les martiens. Pour l’autre personnage qu’il interprète, je vous laisse le trouver. A ses cotés, la première dame, interprétée par une Glenn Close maniérée et un brin hystérique ainsi que sa fille interprétée par la jeune Nathalie Portman qui fait plus de la figuration qu’autre chose.
Se joignent à eux :
• Annette Bening en hindouiste dépressive alcoolique,
• L’ancien joueur de football américain Jim Brown qui interprète une ancienne gloire de la boxe travaillant dans un casino, séparé de sa femme (interprétée par Pam Grier) et de ses deux fils (Ray J et Brandon Hammond) fans de jeux vidéo,
• Le jeune Lukas Haas interprète le fils, le vilain petit canard d’une famille du ploucs qui ne jurent que par leur fils ainé aussi bête que ces pieds.
La Terre et Mars réuni ? NON
Pour la première fois, Tim Burton abandonnera ses personnages et ses décors gothiques pour des personnages ultra caricaturaux et un monde aux couleurs saturées. Que les fans ce rassurent, l’univers du réalisateur est bien présent avec son humour noir (peut être un peu trop dans celui-ci), ses situations improbables, ses chiens (cf l’expérience des aliens qui ne sera pas sans rappeler son court métrage Frankenweenie), le coté poétique légèrement mélancolique et gothique. Comme pour toutes ses autres œuvres, celle-ci fascine autant qu’elle fait rire. Mars attacks, c’est de l’amusement pendant plus d’une heure quarante. Une fois encore, du pur génie avec des tonnes de bonnes idées. Vous avez détesté Independence day ? Voici son antidote.
Avec son Mars Attacks, Burton compte bien ridiculiser l’être humain, son matérialisme et son autosuffisance. Les aliens débarquent sur Terre et ne sont pas là pour se lier d’amitié avec les terriens. Ils sont là pour tuer, pour tout péter, pour se marrer, allant même jusqu’à ridiculiser bons nombres de personnages importants comme les politiciens, les militaires, les scientifiques. Toutes les valeurs humaines sont massacrées, tout y passe sans aucun scrupule. On ira même jusqu’à zigouiller une colombe, censée représenter le symbole de paix et d’amour. L’armée qui tire avant d’agir se fait couvrir de ridicule par les petits hommes verts seulement armés de pistolets fluo les désintégrant en squelettes verts ou rouges. Avec tout ça, normal que le film est été très mal accueilli aux Etats Unis. Mars Attacks est ni plus ni moins qu’un film cynique, cruel mais drôle.
Pléiades de seconds rôles anthologiques
Comme si l’humour, les musiques et l’esthétisme ne suffisaient pas, ce film peut compter un casting pour le moins alléchant et surprenant. Beaucoup de stars célèbres des années 90 se sont prêtées à des seconds rôles marquants. On retrouve alors :
• Michael J. Fox (Marty McFlan de Retour vers le futur) dans la peau d’un journaliste hyper narcissique et en compétition avec sa présentatrice de femme,
• Sarah Jessica Parker (Sex and the city) dans le rôle d’une journaliste loufoque qui ne se sépare jamais de Poppy, son chihuahua,
• Pierce Brosnan (James Bond) en charmant professeur Anglais pacifiste et un peu trop naïf,
• L’extraordinaire Jack Black en jeune militaire patriotique pas franchement malin,
• Martin Short et ses sourires excessifs pour les plaisirs charnel en attaché de presse du président arrogant et dragueur,
• Danny Devito en avocat complètement allumé,
• La regrettée Sylvia Sydney (la conseillère de l’après-vie dans Beetlejuice) dans la peau d’une mamie gaga,
• Un alien prenant l’apparence du mannequin Lisa Marie qui se déplace avec grâce et se déplace plus vite en patinant (juste flippant),
• Même le chanteur Tom Jones qui fera preuve de beaucoup d’autodérision, viendra botter le derrière des petits hommes verts avec sa célèbre chanson « It’s not a unusual ». D’autres stars feront leur apparition mais mieux vaut vous laisser la surprise.
Un ovni visuel et auditif
Visuellement, c’est impressionnant. Ca explose, ça tire de partout, les humains hurlent et courent partout, les martiens sont charismatiques et aussi amusants que les Gremlins dont on sent là aussi l’inspiration sur le plan caractériel. En clair, les martiens sont de grands gamins débarquant sur Terre non pas pour l’envahir mais pour détruire tout ce que les humains ont mis du temps à construire. Ca resculpte les visages des présidents du mémorial national du Mont Rushmore, ça fait une photo souvenir du Taj Mahal avant de le faire exploser avec une de leur soucoupe, ça se défonce à l’uranium en réussissant à aspirer la déflagration d’une bombe nucléaire lancée sur eux. On prend un plaisir sadique à les voir s’amuser à tout casser, faire des expériences sur des humains qu’ils ont capturé. Et puis, leur dialecte (leur Ak Ak me fait toujours autant rire), les voir se balader en slip rouge dans leur soucoupe, c’est plutôt comique.
On rit de tout, on est émerveillé par le travail acharné sur la mise en scène, des costumes, des décors, des répliques et des effets spéciaux. Comment oublier la scène d’ouverture aussi terrifiant que délirant où les soucoupes volantes de plus en plus nombreuses approchent de la Terre ? Le tout accompagné par une musique d’un Danny Elfman qui a capté l’essence même des films d’aliens des années 50 et qui utilise pour ce thème musical les Ondes Martenot et le Theremin (instrument de musique à oscillateur électronique faisant vibrer le son). Nos musiques qui sont un vrai orchestre symphonique se rapprocheront toutes des films de science fiction des années 50. Petit coté rétro nostalgique du plus bel effet.
Au final, nouveau chef d’œuvre pour Tim Burton et son Mars Attacks. Vibrant hommage aux films de science fiction des années 50, histoire captivante, truffé de rebondissements et de surprises, pléiade de personnages merveilleux, musiques entrainantes, effets spéciaux et esthétisme époustouflants, un coté cynique assumé, totalement décalé avec son humour noir, cette parodie des films de science fiction est d’un charme fou. Du pur génie cultissime à rajouter avec les autres chefs d’œuvre dans la filmographie de Monsieur Burton.