Cette parodie de la société américaine n'est pas très fine, mais elle est dynamique et réjouissante.
Tim Burton dézingue à tout va la niaiserie ambiante, l'amour de l'autre jusqu'au dégoût de soi, le discours politique, notre société hypocrite, le politiquement correct, et plus généralement tous les tarés qui peuplent notre planète et projettent leurs fantasmes personnels sur l'inconnu. Il oppose notre société esclave des apparences ("Je veux une campagne multimédia. Je mettrai mon costume Cerruti bleu. Il me faut un discours à la hauteur, Jerry, digne d'un chef d'Etat, historique et néanmoins bienveillant et amical, entre Abraham Lincoln et Madame est servie. Vous avez l'habitude.") à une autre qui ne s'embarrasse pas de scrupules pour parvenir à ses fins ("Ne courez pas, nous sommes vos amis.").
Le générique est époustouflant. Chaque acteur à la bonne place.
Jack Nicholson en président bonimenteur,
Pierce Brosnan en conseiller scientifique, insupportable de suffisance,
Glenn Close en première dame caractérielle,
Paul Winfield en général lèche-cul et carriériste,
Rod Steiger en général va-t-en guerre,
et tous les autres, Natalie Portman, Annette Benning, Dany de Vito, Sarah Jessica Parker, Mickael J. Fox, etc...presque tous aussi déjantés les uns que les autres...
Tim Burton utilise un style volontairement ringard pour servir son propos, avec de nombreuses références en hommage ironique aux séries B des années cinquante. Décaler ainsi son film de la réalité et de l'actualité, l'autorise à asséner ses propos avec plus de virulence.
La musique de Danny Elfman est excellente, mais le "It's not unusual" de Tom Jones est meilleur, bien qu'on se demande ce que ça vient faire là.
J'avais adoré le cri "I am calling you" limpide, chanté par Jevetta Steele qui donnait une impression d'isolement dans les grands espaces en accord avec la situation de "Bagdad café". Je ne sais pas qui chante cette version stridulante, mais elle m'a fait un effet bizarre au point que je me suis demandé si je n'avais pas un peu de sang martien...
Iconoclaste et sympathique, ce film est une grosse boule dans les quilles du politiquement correct.