La fronde après nous
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le 12 déc. 2023
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J'ai trouvé ce dessin animé de grande qualité. En tant qu'écologiste, il m'a permis de creuser le lien entre le narratif standard de la colonisation spatiale et d'autre part le tout petit malaise environnemental qui préoccupe les cultureux parfois. J'intuitionne une relation pas évidente entre la vision d'avenir de mars express et l'avenir de la communauté biotique.
Mais quoi ? Enfin la civilisation ne fait-elle pas de belles prouesses, pourquoi toujours nous emmerder avec les régulation du métabolisme de Gaïa ? Mère nature , la terre mère vont très bien, la valeur de la biodiversité et des services écosystémiques est nulle ou négligeable comparée à l'immense valeur économique des innovation mécanistes de cette fiction.
Et bien si enfin. Voyez, ironiquement la scène où la nourriture est évoquée, c'est quand le robot refuse gentiment une proposition à l’hôtel, il n'a pas besoin du petit déjeuner, puisqu'il est un robot. Ce film est donc un florilège de solutions techniques, pour les bagnoles volantes, le système de transport, les vaisseaux spatiaux, les moyens de communication. Tout est esthétisé, rendu beau, rapide et efficace. Oui, ce film est beau. Superficiellement. Il entretiens le rêve de la mégamachine. Dans cet univers l'oxygène, la température, la nourriture sont des non-sujets. Mère nature continue à fournir gratuitement tout ces services, et l'humanité persiste autocentrée à créer ses jouets, à s'esbaudir de ses gadgets délicieusement régressifs. Régressifs ? Oui, pas au sens de l'animalité sauvage de la jungle, mais au sens d'égocentrique, sans intérêt aucun pour la communauté biotique, qui est absente du narratif, et de son système de croyance.
Mais sans dévoiler le rebondissement final, la morale est sauve. Tous les robots s'avèrent destinés à l’obsolescence programmée. La nouvelle génération de créature proviens de l'édition génétique. Ce message subliminal sauve l’œuvre du néant moral. Et me fait en parler.
Le narratif de Jérémie Périn, nous raconte qu'il est possible pour la civilisation future de survivre sans travailler sérieusement au développement du végétal, à la production des services écosystémiques. Cet imaginaire est un danger, une superstition. Il est le système de croyance de la mégamachine capitaliste.
Voilà un si beau rêve qu'il n'est nul besoin de nous adapter à la nouvelle donne verte. En effet, la mégamachine va faire le bonheur humain et la biosphère redeviendra comme avant le réchauffement climatique, le décor immobile, la nature passive, dans lequel se déroule l'aventure humaine autocentrée. Mais bien sur. Et vous avez vraiment envie de rester dans ce système de croyance ? Il n'aurait pas un petit coté puant ?
Le système de croyance écologiste, lui, réclame le grand regain de biodiversité planétaire. Cet avenir de l'écosysème de Gaïa est le seul qui amène au développement de la vie. Allez ! voyez comment la planète se dévitalise et deviens normale, comme Mars et Vénus, comme toutes les planètes du système solaire: une planète morte. Notre seule chance est de changer de système de croyance et de nous mettre à croire à Gaïa, en Gaïa. C'est à dire en son avenir lointain. Cet avenir est improbable. Seul le désir qu'il advienne peut rendre la prophétie autoréalisatrice.
Créée
le 30 déc. 2023
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