"Gifted" porte bien son nom. La portée de son sens se multiplie à travers ce film tant par la relation oncle/nièce ainsi que les personnes qui l'entourent qu'à travers le génie de la petite fille Mary.
Ce film raconte l'histoire de Mary, une petite fille surdouée. Suite au décès de sa mère, c'est son oncle Franck qui s'en occupe.
Mary est surdouée et a du mal à s'adapter aux enfants de son âge, elle s'ennuie. Elle voudrait avoir des amis comme tout enfant au moment d'aller à l'école.
Être surdoué pour un enfant n'est pas toujours synonyme de joie de vivre et de réussite. L'exemple de la vie de la mère de Mary en témoigne. On comprend vite qu'elle a été dépassé par toutes ces recherches mathématiques ainsi que par le comportement de sa mère qui la poussait toujours plus vers "l'excellence".
Pour qu'un enfant s'épanouisse, malgré ses capacités hors normes, il faut prendre en compte l'environnement dans lequel il va évoluer (scolaire, familial, social).
Au-delà de ces éléments, les scènes du procès intenté par la grand-mère pour avoir la garde exclusive de sa petite fille nous montre les traits de personnalité des personnages entourant Mary.
D'un côté cette grand-mère qui ne connait pas réellement sa petite-fille mais revient dans sa vie afin d'en faire un réel prodige des mathématiques. Elle projette totalement ce qu'elle aurait voulu pour sa propre fille sur sa petite fille. Jusqu'à lui en voler sa vie..
La réussite, l'excellence, mais jusqu'où et pourquoi ?
De l'autre côté, Franck incarné avec une belle touche de sobriété par Chris Evans. Un oncle soucieux de l'environnement dans lequel Mary vit, de ses émotions, de ce dont elle a envie de faire et voir à cet âge là.
(Aparté : j'ai beaucoup aimé la scène où il l'emmène à l'hôpital afin de lui remonter le moral, et de lire la joie se dessiner sur les visages après la naissance d'un bébé, le regard de Mary vers son oncle est insouciant et emprunt de tendresse).
Ce procès pose également un règlement de compte cinglant entre une mère et son fils.
Leur relation est un échec : elle ne voit qu'un homme qui vit dans un trou paumé, sans réel avenir professionnel et lui ne trouve pas son compte dans le rôle de mère qu'elle n'a pas su lui apporter, il la trouve sûrement opportuniste (voyant qu'elle voudrait faire de Mary un "rat de laboratoire").
Ça nous pousse à réfléchir et l'opportunité est laissée au spectateur de se faire son propre avis quant aux arguments de l'oncle et de la grand-mère.
Bien qu'il y ait certains stéréotypes et clichés américains dans ce film (l'élève surdouée qui parle de manière condescendante, l'ex bourgeois-prof de philo qui abandonne Boston pour aller réparer des bateaux et trouver un métier plus "authentique", la grand-mère acariâtre et bourgeoise...), je trouve ça bien qu'il soit axé sur l'humain, sur les relations sociales, et le fait que ce n'est pas facile d'élever un enfant qui n'est pas le sien surtout quand on a la peur de gâcher sa vie.
Ce qui est rappelé finalement ce sont les personnes qui t'acceptent comme tu es sans t'utiliser, les personnes qui veulent te voir heureuse et démontrent d'un soutien moral infaillible.