Vide de sens
Le court-métrage de Sean Durkin évoque déjà le problème des sectes. Ou du moins il l'aborde. Ou du moins, il l'effleure. Enfin juste une petite minute sur les quatorze que compte ce...
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le 12 nov. 2013
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Le court métrage Mary Last Seen porte déjà en lui les germes de ce qui deviendra son prolongement sur un format plus long, le très réussi Martha Marcy May Marlene.
Néanmoins, l’intérêt qu’il présente par rapport à son aîné est d’en constituer une sorte de point de départ, la focalisation adoptée étant inversée : le réalisateur ne rapporte pas la fuite hors de la secte d’une jeune femme mais, au contraire, son intégration à celle-ci, qui repose sur un long parcours initiatique ponctué d’étapes importantes – la disparition du téléphone portable, la baignade lascive, l’égarement dans la forêt –, parcours qui s’apparente à une rupture avec la civilisation, à un ensauvagement progressif au terme duquel apparaît la communauté idéale, véritable eldorado. Le petit-ami joue le rôle d’un guide, d’un passeur chargé d’amener une nouvelle âme à convertir comme on amènerait de la chair fraîche. Et le traitement réaliste accordé à ce trajet symbolique raccorde l’emprise sectaire à ses racines terriblement humaines, ce qui augmente le malaise et refuse ainsi de la situer dans un au-delà infranchissable et duquel le spectateur serait étranger, pire protégé. Non, cet ami pourrait être le nôtre, et cette ferme bucolique pourrait se trouver au prolongement d’un chemin qui nous est familier.
Mary Last Seen réussit, en quelques minutes, à peindre le sectarisme comme un mal à visage humain et aux pouvoirs dangereux parce qu’ils relèvent non pas d’une pseudo-magie mais bien de stratégies, de calculs conçus par des esprits malfaisants pour abuser d’autrui.
Créée
le 20 avr. 2020
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