Surcote d'Azur
Mascarade part très mal avec des témoignages lors d'un procès, qui vont revenir à intervalles réguliers, et des flashbacks qui vont nous guider (lourdement) pour comprendre le pourquoi du comment...
le 29 mai 2022
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Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écœurant, livrant avec cette Mascarade son meilleur film, et de très loin. Sur les traces d'un Fellini période Dolce Vita ou d'un Billy Wilder de la grande heure ( c'est à dire de toujours ) le rétro-sexuel d'une belle et hideuse époque signe un film d'histrion proprement déprimant, à la violence carnassière des plus dévastatrices.
Mascarade part très mal avec des témoignages lors d'un procès, qui vont revenir à intervalles réguliers, et des flashbacks qui vont nous guider (lourdement) pour comprendre le pourquoi du comment d'une affaire nébuleuse. Sauf que, d'emblée, tous les personnages y sont antipathiques au possible, la plupart étant surjoués par des interprètes prestigieux (voir plus loin) mais très mal dirigés par un Nicolas Bedos que l'on a connu bien meilleur dans cet exercice. Le scénario n'est pas fameux, il est vrai, habillé de chausse-trappe plus ou moins grossières, et dominé par le sexe, l'argent et le pouvoir, trilogie reine en surcote d'Azur, région privilégiée par les cinéastes pour diffuser une amoralité sans complexe. Tout semble factice dans Mascarade, qui porte bien son nom : le récit, qui plus est, parait interminable, les personnages, se révèlent imbuvables.
C'est une vraie désillusion pour qui apprécie habituellement l'écriture de Bedos car ici c'est la vulgarité qui s'impose de bout en bout, un théâtre de marionnettes qui a dû amuser l'auteur mais qui n'est jamais drôle et au contraire pathétique. Quelle tristesse de voir les rôles qu'ont à défendre Isabelle Adjani, qui se la joue Bette Davis, ou François Cluzet, peu crédible (ce n'est pas mieux pour la merveilleuse Laura Morante). Pierre Niney semble lui étrangement peu présent, peut-être conscient du ridicule des situations et des dialogues alors que Marina Vacth s'en tire bien mieux, n'hésitant pas à se donner à fond.
Aucun, aucune, pas âme qui vive n'est à sauver de ce pandémonium filmé en plein soleil : des personnages au mieux antipathiques et au pire moralement immondes et factices, entre un Pierre Niney mi-métro mi-viril complètement conscient de son image et sentimentalement veule, une Isabelle Adjani artificieuse au dernier degré, un François Cluzet pathétique en pigeon libidineux à son corps défendant et surtout, SURTOUT, une Marine Vacth extraordinairement salope, manipulatrice et castratrice en diable ! Sans rémission ni potentielle rédemption Mascarade annonce d'emblée sa couleur : son programme sera celui du jugement de ses quelques personnages véreux et plein aux as, programme inauguré par des intermèdes judiciaires au demeurant lourds et démonstratifs dans leur imbrication dans le récit.
Nicolas Bedos ne privilégie aucun angle, aucun ton particulier dans son récit et semble au contraire prendre plaisir à patauger dans les longueurs et les clichés tout en faisant durer le film le plus longtemps possible. Au final, on a l'impression d'être quelque-part entre Hitchcock et Santa Barbara C'est décousu, (volontairement) désordonné, désinvolte et surtout interminable, le tout semblant être étiré à l’extrême. Hors de prix, de Pierre Salvadori, sur un registre voisin et dans quasiment les mêmes lieux, possédait un charme cruellement absent de cette peu aimable Mascarade.
Créée
le 30 nov. 2022
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