Le genre de l'horreur, c'est un terrain glissant. On a vite fait de prendre les mêmes outils, et de faire comme les voisins. Il y a peu de réalisateurs et réalisatrices qui réussissent à renverser la vapeur, à sortir du tunnel des "insidious" et autres films du style.
Ici, on a, je trouve, déjà une belle écriture. Les dialogues sont simples mais efficaces, et ils servent l'atmosphère étouffante et hyper malaise. Le terrible est dans les détails, et comme un bateau en train de couler à pic, le gênant et le terrifiant parfois s'engouffrent dans les moindres plis des échanges les plus anodins. Mais on remarque qu'il n'y a pas vraiment d'échange anodin. Qu'il s'agisse de la scène de la pizza, qu'on a pu tous vivre, ou bien d'autres encore, toutes d'ailleurs, comme la première scène de l'arrivée de Jasmine sur le campus.
Malgré quelques imperfections, anodines pour le coup, ce premier film est une réussite. Mariama Diallo offre ici un kaléidoscope du racisme et du puritanisme américain, à la fois littérale et allégorique, toujours subtilement maitrisé. Les éléments de l'horreur sont très bien choisis, avec intelligence --du Ari Aster un peu allégé en trash--, sans fanfare musicale insupportable où l'émotion à ressentir est mise dans la bouche. La lumière, les plans, sont géniaux et surtout font partie du récit.
Bref, un film qui reste dans la peau, et qui donne très envie de voir d'autres choses de cette réalisatrice, et de voir plus de réalisatrices tout court !