Aventureux, parodique, comique, sarcastique, irrésistible, ultra-divertissant… Comment ne pas avoir un temps soit peu de sympathie pour la curiosité cinématographique un poil surannée qu'est Maverick ? Adaptation libre de la série TV transatlantique culte du même nom servie sur un plateau par l'un des pontes du divertissement hollywoodiens d'alors, responsable des cultissimes La Malédiction, Superman, Les Goonies ou encore L'Arme Fatale, j'ai nommé Richard Donner : réalisateur phare d'un studio adepte des recettes éprouvées. Si le nom de Donner suffit à lui seul à faire saliver les fans de grands spectacles à la sauce feel-good, forcé de reconnaître que la suite du programme possède tous les arguments nécessaires à faire chavirer le cœur de n'importe quel fanatique de divertissements ricains qui s'assume. Fort d'un casting cinq étoiles (Mel Gibson, Jodie Foster, James Garner, James Coburn, Graham Greene…), d'un scénario signé William Goldman (Chaplin, Un pont trop loin), des décors de Tom Sanders (Braveheart, Il faut sauver le soldat Ryan, Apocalypto), de la photographie de Vilmos Zsigmond (Voyage au bout de l’enfer, Rencontre du troisième type) et de Randy Newman à la musique, ce Maverick s'avère des plus prometteurs. Et forcé de constater que le résultat est là. En effet, en dépit de quelques maladresses, le film s’impose comme une œuvre aboutie, diablement rythmée, divertissante tout en demeurant des plus loufoques. À un rythme effréné, Maverick enchaîne les gags et les situations saugrenues, le tout dans un ouest américain des plus cliché qui évoque davantage les bandes-dessinées Lucky Luke que les films de Ford ou de Leone. Si le réalisateur s'amuse, dès le début, à brouiller les cartes (sans mauvais jeu de mots) via une scène d'introduction prouvant de façon magistrale qu'il maîtrise les codes du western (et du western spaghetti), le film prend rapidement un virage inattendu : celui de la comédie loufoque et parodique. Ainsi, et précisément car il les a compris mieux que quiconque, Donner joue avec les codes du genre, s'en moque gentiment tout en les embrassant sans retenue de temps à autres. A travers des situations toutes plus curieuses les unes que les autres et des personnages systématiquement doubles et faux, attirés, tous sans exception, par l'appât du gain, le cinéaste fait le portrait d’un monde devenu fou, dans lequel nul n’est ce qu’il prétend être, un monde dans lequel l'argent semble avoir évincé tous les dieux du ciel. Loufoque, surréaliste et gaguesque à souhait, Maverick peut aisément rappeler le cinéma de Philippe de Broca, le jeu tout en charme et en outrance de Mel Gibson n’est d’ailleurs pas sans rappeler les cabotinages du Jean-Paul Belmondo des grandes heures. Si l’on peut reprocher au film quelques maladresses, des ficelles scénaristiques ultra-voyantes bien que complètement assumées ou un dernier tier globalement moins réussi, forcé de constater que Maverick de Richard Donner est de ces films qui donnent la banane : loufoque, aventureux, gaguesque et divertissant au possible, le film s’impose comme une sorte d'équivalent ricain de L'Homme de Rio ou des Tribulations d’un chinois en Chine ayant rencontré Lucky Luke entre deux scènes saugrenues. Voilà donc ce qu’est Maverick : un OFNI (objet filmique non identifié), une parodie de western délectable, volontiers sarcastique, pas bien profonde mais divertissante en diable, une fort belle récréation d’un peu plus de deux heures pour un cinéaste et des acteurs qui s’éclatent et vous entraînent irrésistiblement dans leur délire.

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le 7 mars 2023

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Antonin-L

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