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On peut prendre Max Payne de deux façons différentes : soit l'on y voit un film d'action mi-polar noir mi-fantastique, et l'on est déçu par son scénario creux et très mal fichu, une sorte de melting pot des légendes nordiques et du film d'action américain typique pour décervellés. Soit l'on y voit l'adaptation du célèbre jeu vidéo de Take 2, sorti en 2001 sur nos bécanes, et l'on est déçu par la pauvreté et la rareté des scènes d'action tant le jeu est un modèle du genre, nerveux et efficace, avec des scènes anthologiques et des ralentis post-Matrix du plus bel effet.


Vous l'aurez compris, dans les deux cas, nous sommes déçus. Est-ce suffisant pour dire de ce Max Payne est à nouveau une adaptation cinématographique sentant le pissenlit par la racine ?


À priori oui, d'autant que John Moore n'en est pas à son premier film relativement passable, ni En territoire ennemi, ni Le Vol du Phoenix, ni 666 la malédiction n'avaient été des chefs-d'oeuvre. D'autant que ni Mark Wahlberg ni Olga Kurylenko (dont le rôle ici est très minime) ne nous offrent des prestations mémorables, la seconde étant particulièrement ridicule et me laisse à penser qu'elle n'est qu'un joli visage cachant ses piètres talents d'actrice derrière un physique de rêve.


Seulement voilà, on ne peut imputer à Max Payne son incroyable visuel, tant le long métrage est une réussite d'un point de vue artistique. Soignée, harmonieuse, l'esthétique permet de donner une véritable identité formelle et graphique à l'oeuvre, celle-ci se rapprochant beaucoup d'un graphic novel de Frank Miller. Des formes épurées et une ambiance noire, dont la neige instille une ambiance d'autant plus picturale que l'on pourrait voir dans Max Payne une succession de tableaux ambitieux et pénétrante. La présence d'Andrew M. Stearn ne doit pas être étranger à cela, le bonhomme ayant déjà travaillé comme directeur artistique pour Dark Water (2005) de Walter Salles, dans lequel le caractère visuel était déjà conséquent.


Autre point technique à mettre au crédit du film de John Moore, l'utilisation efficace des contre-plongées, donnant aux immeubles de New-York une autre vision de celle à laquelle nous sommes habitués. Les plans d'ensemble et de demi-ensemble eux caractérisent les bas-fonds de la ville, et l'on ne peut pas nier que les effets spéciaux sont ici parfaitement intégrés, ne prenant jamais le pas sur les prises de vue réelles. Les fameuses valkyries nous rappellent d'ailleurs quelque peu l'univers déjà présent dans Constantine (2005) de Francis Lawrence.


Côté raccords en revanche, on repassera. Certaines bourdes sont flagrantes et donnent à penser que le pire côtoie un peu trop souvent le meilleur. Si vous n'avez pas encore vu le film, faites particulièrement attention au moment où Max retrouve son ex-coéquipier devant le Police Station, vous comprendrez à quoi je fais mention.


Soyons toutefois indulgents et laissons à Max Payne le droit d'exister, le film étant tout de même à l'origine du manque à gagner de W. - L'improbable président aux USA, qui n'en demeure pas moins un Oliver Stone, mine de.


En bref : Un film qui ne doit son salut qu'à ses grandes qualités esthétiques, mais dont le scénario, confus et indigeste, rendra les moins patients d'entre nous désireux de voir davantage de scènes d'action. Manque de chance, ce sera dans le jeu vidéo et non dans le film que vous en trouverez qui soient dignes de ce nom. Max Peine fait de la Payne, mais accrochera sûrement les amateurs des Hitman et consor.

Kelemvor

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