Là où généralement la comédie se prête peu à l'exercice d'une réalisation inventive et dynamique, Men suddenly in black répond par un côté référentiel acharné au polar HK dans son ensemble, rendu possible par une mise en œuvre formelle remarquable, directement inspirée par les meilleurs films du genre. Empruntant autant aux scènes de tension que l'on peut retrouver dans un Infernal affairs, qu'aux gunfight nerveux d'un John Woo, Men suddenly in black joue la carte du sérieux pour véhiculer un propos qui, lui, est amusant. Aux intrépides Yakuzas se substituent des maris volages, pourchassés, non pas par des forces armées représentant les autorités policières, mais simplement par des femmes en quête d'une preuve matérielle pouvant faciliter leur futur divorce.

La substitution fonctionne en grande partie grâce au casting qui la rend possible. Aux manettes de la sortie volage, on retrouve un habitué du cinoche HK, à savoir la tronche sympathique d'Eric Tsang qui est aussi à l'aise avec des poches de faux sang qu'avec des capotes aux multiples saveurs. A ces côtés des acteurs un peu moins charismatiques, mais qui assurent le job, notamment Jordan Chan, dont le personnage de toubib romantique qui échappe à son sentiment de culpabilité par des raisonnements très cartésiens est attachant. Mais c'est l'apparition tordante de Tony Leung Ka Fai, en vieux yakuza assigné à résidence par sa mégère de femme, depuis qu'il a sauvé le petit groupe des années auparavant d’un flagrant délit d’adultère caractérisé, qui restera en mémoire. La scène est réalisée avec un sérieux et une maîtrise technique tels, qu'on est partagé entre le rire pour l'absurdité de la situation et l'admiration pour cette somme d'influences parfaitement digérées.

Malheureusement, même si elle parvient aisément à sortir du lot, tout n'est pas totalement rose dans cette comédie ambitieuse. Amputée par un réel problème de rythme (notamment lorsque les femmes prennent le pouvoir du cadre), elle ne retient vraiment l'attention que par intermittence, lorsque les hommages qu'elle délivre donnent lieu à des séquences mémorables. Cette rencontre purement taularde dont nous avons déjà parlé et surtout ce gunfight tordant où les bastos sont remplacés par de l'eau, les flingues par des tuyaux d'arrosages et les flics par des photographes de presse, qui shoot tant qu'ils peuvent. Dommage que le film ne soit pas toujours de cet acabit, la première demie heure, où chaque mari volage rencontre un ex coup de coeur, est un peu laborieuse, et le point de vue de leurs femmes énervées beaucoup moins inspiré. Reste tout de même que l'ensemble est un chouette moment de divertissement qui fera sourire tous les amateurs de péloches typées HK.
oso
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le 10 août 2014

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