(Vu en avant-première en la présence d'Olivier Baroux et de Tarek Boudali)
Adaptation d'un film québecois jusqu'ici inconnu au bataillon en terre française, Menteur marque le retour d'Olivier Baroux, à la réalisation comme à l'écriture, après Les Tuches 4 l'an dernier. Au programme, un concept en béton armé : les bobards d'un menteur compulsif deviennent réalité, à son plus grand dam et à celui de son entourage. Si l'idée est alléchante, on pouvait malgré tout craindre un traitement en surface, qui se limiterait à n'être qu'un prétexte pour faire des gags. Si d'une part, les éléments comiques sont globalement excellents, le film va au-delà de nos espérances en terme de comédie française. En effet, sa première qualité réside dans l'écriture des personnages : le film prend le temps d'installer les protagonistes de l'histoire, leurs enjeux, leurs aspirations, à un point où l'on se demande s'il n'y a pas anguille sous roche tant les 20 premières minutes sont dénuées de grosse blague. Et pourtant, une fois les personnages posés et le concept central entamé, "les montages russes" comiques prennent leur envol. Le film a le grand mérite d'assumer à fond le fantastique, introduit par une scène d'introduction qui laisse peu de place au doute quant à la véracité diégétique des faits, et ceci avec beaucoup de cœur. Car ici, on ne s'en tient pas à un "mentir, c'est mal", l'écriture se focalise sur ses personnages (y compris secondaires), et traite de ce que mentir signifie pour eux, que ce soit conscient ou non.
Le casting excelle et tout le monde est sur la même longueur d'onde, aucun(e) acteur(rice) ne dénote. Tarek Boudali s'avère très juste dans ce rôle de menteur compulsif en apparence très sûr de lui mais que l'on devine un tantinet névrosé. Mentions spéciales à Artus et Pauline Clément, qui composent des rôles secondaires extrêmement solides.
La mise en scène est lambda (quand bien même ça n'est pas ce que l'on recherche dans ce type de film), on attend plus Olivier Baroux le scénariste (Emile Gaudreault, le réalisateur et scénariste de la version québecoise est également crédité mais en tant que concepteur de l'idée de départ) qu'Olivier Baroux le réalisateur, mais il ne déçoit sur aucun de ces deux aspects. Le film reste bien monté et la photographie assez travaillée pour qu'il ne ressemble pas à un téléfilm diffusé au cinéma. C'est du bel ouvrage, sans originalité particulière, mais efficace.
Malgré tout, il y a des choses à redire. Le film tend à se focaliser tellement sur ses personnages que les points d'intrigues paraissent très secondaires, et en particulier sur leurs conclusions. La fin est traitée en quatrième vitesse, quitte à être brouillonne et parfois incohérente. Un arc en particulier, pourtant moteur de l'histoire, ne trouve pas de conclusion. Enfin, vous aurez noté que je n'ai pas mentionné le cadre de l'histoire, car si l'intrigue se déroule à Nice, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit réellement exploité, à part pour servir de décor de carte postale et pour une blague en particulier.
Pour conclure, Menteur s'avère être une bonne comédie et un bon film, qui parvient à bien doser humour et développement de ses personnages, quitte à laisser son intrigue sur la bas-côté dans son finish, mais on ressort de la salle avec la satisfaction d'avoir passé un bon moment, et c'est bien tout ce qui compte.