Retour à la fac pour Melissa McCarthy

Même s'il est épouvantable, le titre français de "Life of the Party" ("Mère incontrôlable à la fac") a au moins le mérite de résumer à peu près tout ce qu'on est en droit d'attendre d'une comédie du duo Ben Falcone/Melissa McCarthy dotée d'un tel pitch et c'est sans doute le principal problème d'un film qui ne réserve aucune grande surprise tant au niveau de son intrigue que de son humour.

Mère aimante et envahissante, Deanna est plaquée par son mari le jour de la rentrée en dernière année de faculté de leur enfant. N'ayant jamais obtenu son diplôme pour se consacrer à sa vie de famille, elle décide de reprendre sa vie en main et s'inscrit pour reprendre les cours dans la même université que sa fille...

Imaginez en amont tout ce qui peut découler comme situations comiques issues d'un tel choc des générations avec ce retour tardif à la fac et "Life of the Party" vous le délivrera sans aucune imagination. Les fêtes, l'amitié d'une sororité, les filles perfides, la colocataire louche, une relation avec un étudiant apollon, une soirée 80's, un concours de danse, une ingestion de drogue rigolote par mégarde, une apparition de célébrité en bout de course... Absolument tous les clichés du campus-movie lambda y sont détournés pour les confronter à la crise existentielle de cette mère d'abord forcément aussi ringarde que paumée puis transformée en retrouvant une seconde jeunesse et surtout son statut de femme libre.
Heureusement et malheureusement, cet écrin de comédie complètement préfabriquée est transcendée par la tornade Melissa McCarthy. Heureusement car la comédienne y apporte toute son énergie, sa bonne humeur et son enthousiasme communicatif à n'avoir aucune limite lorsqu'il s'agit de se tourner en ridicule mais aussi hélas malheureusement car son mari Ben Falcone lui laisse une telle carte blanche à l'écran que l'actrice en totale roue-libre finit par vampiriser le film au point de faire oublier le reste. C'est d'ailleurs tout le problème des comédies écrites par le duo mari et femme Falcone/McCarthy ("Tammy" et "The Boss" souffraient du même mal) : au contraire d'un Paul Feig qui lui parvient toujours à en tirer le meilleur, Ben Falcone semble ne jamais savoir comment canaliser le tempo comique de sa femme et, une fois la lionne libérée de sa cage devant sa caméra, il se mue en simple spectateur/fan hilare de son épouse en oubliant son rôle de garde-fou essentiel de réalisateur de comédies. Et c'est réellement dommage car, au delà de la présence monopolisante de Melissa McCarthy , "Life of the Party" disposait tout de même de quelques sérieux atouts comme cette galerie de seconds rôles très drôles, notamment les jeunes filles de la sororité (Gillian Jacobs en étudiante comateuse sur le tard est tellement hilarante à chaque réplique qu'on l'espérerait presque comme véritable héroïne) ou cette colocataire gothique associale, la plupart des vrais éclats de rire du film proviendront d'ailleurs d'eux et de leurs interactions de bande avec McCarthy (clairement la meilleure chose du long-métrage qui parviendra à lui faire conserver notre sympathie jusqu'à son terme).

Au vu de leur collaboration, on a de plus en plus de mal à comprendre comment le duo Falcone/McCarthy n'arrive pas apprendre de leurs erreurs. Certes, Melissa McCarthy est un indéniable talent comique (et on vient voir ses films sur son simple nom, ne nous leurrons pas) mais la laisser à ce point gaspiller son énergie pour des intrigues qui ne la méritent sûrement pas et où elle en vient presque à étouffer ses camarades de jeu laissent un brin perplexe. Le succès au box-office a beau être toujours présent, quelques signes d'essoufflement font néanmoins leur apparition et la lassitude risque fort de l'emporter sur le long-terme...