Life of the Party s’avère être une bonne surprise de la part de Ben Falcone, époux de Melissa McCarthy et ici metteur en scène et scénariste, réalisateur inégal – on lui doit Tammy et The Boss, qui ne sont pas des réussites – mais qui trouve ici un sujet audacieux et un ton à mi-chemin entre grossièreté et tendresse.
Car d’un duo mère/fille rappelant le canevas de tout un lot de productions médiocres, le film tire un récit sensible et énergique qui ne perd pas une minute : le cadre sororal et universitaire permet de revisiter les codes du teenage movie avec humour – la nouvelle élève souffre des moqueries de ses camarades, perd ses moyens durant l’exposé devant sa classe, drague à la bibliothèque – tout en représentant une frange de la population étudiante jusqu’alors invisible, ces femmes et ces hommes qui, adultes, décident de commencer ou de poursuivre leurs études supérieures. Les relations qui se nouent, si elles cèdent à la facilité, ont quelque chose de sincère, et il suffit d’entendre Deanna expliquer à son petit-ami, par le biais de la métaphore du sac de voyage et de la valise à roulettes, que l’amour ne saurait à ce point ignorer la différence d’âge. De tels aveux de lucidité ponctuent le film qui gagne aussitôt en profondeur et en intérêt, d’autant que la débauche festive et alcoolisée ne rompt jamais vraiment avec la volonté de soigner ses blessures, de faire le deuil d’un ensemble à tout jamais disparu et à réinventer.
Life of the Party n’est pas qu’une cure de jeunesse fantasque et férocement drôle, c’est aussi une réflexion sur le temps qui passe et le fossé qui se creuse entre les générations, une lucidité sur le droit de la femme aux études sacrifié au nom d’une vie de famille – Deanna n’a pas pu achever sa formation parce qu’elle était enceinte –, un beau portrait de femmes et de filles qui envoient valser les différences pour, le temps d’une année, s’épanouir et faire la fête. Une comédie rafraîchissante.