[CETTE CHRONIQUE CONTIENT DES "SPOILERS INDIRECTS"]
"Message from the King" souffre d'un gros problème: son manque de personnalité.
Il faut comprendre que le concept du vigilante movie, lorsqu'il fonctionne, utilise certes des codes reconnaissables et éculés, mais les transcende pour donner une identité propre au film.
J'ai suivi le personnage dans sa quête de sauvetage (d'abord) et de vengeance (ensuite) sans trop m'ennuyer. Je l'ai vu défoncer des bad guys à tour de bras, du petit dealer minable (coucou Drago Malefoy !) au richissime et répugnant pervers sexuel (Alfred Molina), mais au final, n'ai-je partagé qu'une once de sa souffrance ? Ai-je vraiment eu le temps de m'attacher à lui ? De l'encourager dans certaines de ses actions ou d'en regretter d'autres ? Pas vraiment.
Et je parle de "temps" mais le temps ne fait rien à l'affaire. Non, le vrai problème du film c'est qu'à vouloir filmer son personnage de trop près (des gros plans incessants sur le visage, notamment), le réalisateur oublie de nous le présenter. Le film est tournée comme une sorte de documentaire caméra à l'épaule sur la dépravation de Los-Angeles (politiciens corrompus, réseaux mafieux, prostitution encouragée par des grandes fortunes, drogue...). Pourquoi pas. Mais dans ce cas, il est difficile de tenir le spectateur pendant 1h40 autour de la quête d'un seul homme, aussi anonymisé que les autres protagonistes.
Soyons clairs: Je ne suis pas un partisan du flash-back ni de la voix-off pour tout expliciter dans un film, loin de là. La sobriété d'un film est souvent un atout pour moi, la place qu'il laisse à la suggestion d'autant plus.
Mais dans "Message from the King", la sobriété et la recherche de l' "image choc" deviennent gimmicks, redondances. Impossible de créer une fulgurance lorsque tout l' "espace de tension" (que doit ressentir le spectateur") est saturé, impossible de créer des ambiances différentes, d'allier changement de visuels à changement de ton.
En résulte un film pas désagréable, plutôt bien joué et pas trop ennuyeux, mais qui manque cruellement de saveur.
Au fur et à mesure que j'écris cette chronique, je m'interroge: Me serais-je mépris sur les intentions du film? L'hermétisme du spectateur vis-à-vis du film est-il recherché? "Message from the King" est-il un faux vigilante movie qui cache en vérité une chronique sociale plus vaste? Doit-on se résoudre à se dire que jamais on ne comprendra la souffrance ni les épreuves du héros car elles relèvent d'un autre monde, de celui d'une "ville en carton qui pue lorsqu'il pleut" ?
J'invite les personnes ayant réellement apprécié le film à me faire part de ce qu'ils y ont trouvé! J'ai peur d'être passé à côté de quelque chose...
5,5/10