Avant toute chose : je n'ai vu que les trente-cinq premières minutes du film, avant de quitter la salle, chose que je n'avais jamais faite encore jusque là. De ce fait, je ne me permets ici que de critiquer le début du film, des spectateurs plus courageux/passionnés que moi pourront peut-être valider ou non la pertinence de ma critique sur le reste.


Ce que j'ai vu dans ce film, c'est l'histoire d'un couple apparemment récent, d'un homme réalisateur (Paul) et d'une femme comédienne (Alina), qui discutent essentiellement du film que Paul est en train de réaliser et dans lequel Alina doit jouer, dans des scène teintées de misogynie s'agissant de l'exposition des rapports entre les deux protagonistes.


Ce que j'ai vu aussi dans ce film, c'est une sorte de non-film (mais pas à la façon amusante de Quentin Dupieux). L'absence presque totale de montage est parfaitement revendiquée puisqu'on lit dans chaque résumé du film qu'il est composé uniquement de 17 plans séquences. Ce qui n'est pas précisé, c'est que ceux-ci sont fixes : on voit bien là la volonté devenue presque trop classique du cinéaste de poser sa caméra, laisser ses personnages/acteurs vivre et agir, avec une sensation du temps qui doit ramener au temps réel. Sauf qu'ici, le film dépasse ce temps réel pour arriver à un temps dilaté bien trop lent pour le spectateur, à travers des dialogues que l'on a pas forcément envie de voir : les discussions d'un couple comme mal agencé, avec une forme d'opposition et d'incompréhension permanente entre les deux personnages ; le couple dont on ne rêve pas. Ce dernier point peut paraître très artificiel, mais lorsque cette opposition lassante prend la totalité de la place du film, cela conduit à une vive envie de mettre fin au visionnage.


Ce qu'offre en réalité le film, c'est un manque cruel de dynamisme, à travers des plans fixes qui ne satisfont même pas le spectateur d'un point de vue esthétique. Le film n'est pas beau visuellement, à l'exception du tout premier plan, qui aurait été un bon plan d'ouverture si celui-ci n'était pas en réalité un banal plan séquence fixe parmi d'autres. Or, le plan séquence fixe n'est plus une prouesse technique, ce que Paul précise lui-même en parlant de l'arrivée du numérique et du changement du rapport au temps ; il est au mieux une prouesse des acteurs, qui ici n'incarnent même pas des personnages sympathiques.


De manière assez évidente, Métabolisme est un film qui parle du cinéma lui-même. La première séquence se charge de le préciser de façon directe car, comme je l'ai déjà dit, Paul explique que la pellicule a défini le rapport au temps dans le cinéma, avec des bobines ne pouvant dépasser onze minutes. Le film cherche donc à déconstruire un certain rapport au temps, justement à l'aide du numérique, mais à quel prix ? Il enferme complètement l'espace filmé, qui ne s'affranchit jamais des limites imposées par le plan fixe. Dans cet espace restreint, le temps prend toute la place, se diffuse complètement, au prix de la concentration du spectateur qui ne peut qu'éprouver sa sensation, ce qui conduit bien souvent à l'ennui.


Je compte hors de tout cela, encore une fois, la première séquence, seule séquence en mouvement des cinq que j'ai vues, car la caméra est posée à l'arrière d'une voiture qui roule en ville, et les éclairages de nuit qui illuminent l'image la rende plus intéressante et belle que les séquences suivantes, par exemple celle juste après qui nous montre qu'une cuisine couverte de carrelage blanc, totalement froide, et qui glace avec elle le spectateur pour le reste du film.

violetteforest
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le 5 févr. 2019

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