From Here to Eternity

Cette version de Metropolis est pour le moins surprenante. Disons qu'on ne s'attend pas tous les jours à voir la restauration d'un film de plus de 50 ans, avec une nouvelle BO, qui jure avec l'originale qui plus est, dans un style new vawe et non plus classique, par un disc jokey italien. KAMOULOX ?

Le pire, c'est que ça fonctionne. Pour preuve, la majorité des titres entendables dans le film ont rejoint illico presto ma playlist Spotify, notamment, car je suis un gros bandeur de sons style 80's (oui, je suis ce genre de personne).

Après, on pourra noter trois trucs. Premièrement, ce n'est pas très subtil au niveau des paroles. Disons que si un débile comme moi qui capte à peine l'anglais arrive à comprendre la profondeur des paroles d'un Cage of Freedom ou d'un Blood From A Stone à la première écoute (dès le titre en fait), alors c'est qu'il y a un problème quelque part (au moins, on se réconfortera en se disant que c'est dans le thème). Ensuite, ça fait un peu clip géant, là encore, c'est excusable vu que c'est un peu le but du film quelque part… et puis si vous avez aimé Rocky IV vous n'avez absolument aucune excuse pour descendre Metropolis pour cette même raison. Enfin, choix plus discutable : la plupart des thèmes reviennent deux fois. Après, j'ai beau être italien, je ne suis pas disc jockey (quoique j'aurais très bien pu devenir jockey tout court vu ma taille), ce qui fait que je ne pense pas être le plus à même pour juger le choix de la compo'.

Plus sérieusement, le fait d'avoir conçu des musiques avec des paroles si peu subtiles permet de combler les nombreuses lacunes scénaristiques du film dû à son charcutage. Il s'agit d'une restauration basée sur la version publiée en 1927 par la Paramount pour rappel. Je comprends pourquoi ça gueulait à l'époque tant on arrive à ne rien comprendre malgré le fait qu'il n'y a justement rien à comprendre. Inouïe ! Exit aussi quelques parties, notamment celles avec l'ouvrier 11811, qui ne rime plus à rien, ou encore, celles avec le détective de Fredersen, qui passent à la trappe. En résulte un film qu'on a l'impression de voir accéléré ou pour lequel un petit farfadet s'amuserait à sauter d'un chapitre à un autre juste pour bien nous emmerde. On garde tout de même le message politiCon-fasciste de fin par contre. Effectivement, quitte à tenir sur 1 h 30, le film aurait pu être mieux découpé.

Sinon, comme dit plus haut, le film a été colorisé. D'ailleurs, il s'agit de la seule colorisation complète du film disponible à ce jour. Par contre, on n'est pas sur une colorisation « classique » mais sur une logique de teinte. Ainsi, on retrouve une teinte bleutée quand la ville d'en bas est filmée et, à l'inverse, une teinte bien plus chaude quand on se retrouve dans les hauteurs. Pas très subtiles là encore. Pour le coup, ce que je trouve dommage, c'est que ça manque un peu de folie. Disons que quitte à foutre des musiques new wave dans un film datant des années 20, voir des couleurs pétantes par moment, quitte à ce que ça tombe dans le kitsch, ne m'aurait pas déplu.

Enfin, on retrouve beaucoup moins de cartons, mais beaucoup plus de sous-titres. On notera d'ailleurs que la plupart des cartons utilisés sont présents pour combler les scènes que la Paramount a amputées (histoire de bien bien appuyer que leur montage est daubé du cul). Par contre, des plans ont été filmés spécialement pour cette version, notamment la sépulture d'Hel, qui n'a de surcroit plus rien à voir avec celle du film original.

Une version de Metropolis à voir, donc, mais à condition d'avoir vu l'original de 2 h 30. Il faut bien se mettre en tête que cette mouture est tellement différente qu'elle se révèle plus complémentaire qu'autre chose.