Pure poésie visuelle...
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La capacité du manga au syncrétisme ne finira jamais de surprendre : ainsi de ce projet, adapté d’un manga papier de la fin des années 50, qui lui-même prend pour point de départ le fameux film de Fritz Lang auquel il ne se limite pourtant pas. Dans cette réflexion sur la mégapole effrayante du futur, on emprunte autant à la SF qu’aux cartoons, à la mythologique babylonienne qu’au jazz.
C’est somme toute logique : la ville monde qui sert de décor à cette dystopie a depuis longtemps avalé et digéré tout ce qui peut composer ce qu’on s’acharne encore à appeler une civilisation. On garde ici cette forte symbolique architecturale qui minéralise les inégalités sociales par une verticalité vertigineuse cantonnant les classes populaires et les robots esclaves dans les bas-fonds, tandis que le despote mesure l’étendue de son pouvoir à celle de l’infinie skyline qu’il domine.
C’est l’éclectisme qui fait clairement la force du film, dont l’identité graphique ne cesse de varier : alors que les personnages semblent issus des origines mêmes du dessin animé (on peut penser au Congrès de Folman qui en 2013 a joué sur le même mélange des temporalités), la gestuelle et la dramaturgie s’inscrivent dans l’anime japonais le plus classique, tandis que le décor et certaines séquences épiques d’action ou de cataclysme convoquent la vélocité énergique de l’image de synthèse. En résulte un panel très large qui, à l’image de cette société en perte de repères au moment où la machine peut définitivement réduire l’homme à néant, suscite effroi et fascination.
La proximité évidente avec Ghost in the Shell se fait cependant au détriment du film : Metropolis n’a ni la finesse d’écriture, ni la mélancolie désenchantée de son glorieux ainé. La trame, relativement linéaire en dépit de sous-intrigues un peu obscures, ne surprend jamais vraiment, et tend à souligner des enjeux qui ont déjà été maintes fois explorés.
Un petit regret tant le vertige visuel appelait à des problématiques plus retorses et des émotions plus franches. Il n’empêche que certaines des fulgurances de ce monde au bord du gouffre laisseront des souvenirs dans la mémoire, non pas vive des intelligences artificielles, mais vivante des spectateurs.
(6.5/10)
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Créée
le 17 sept. 2019
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