Couple d'enfer

Après avoir regardé le chef d’oeuvre qu’est Annie Hall, je découvre Meurtre mystérieux à Manhattan, tout aussi réussi et captivant. On peut dire sans conteste que Woody Allen fait partie de ces réalisateurs qui marquent par leur style si singulier que faire une critique se révèle être difficile pour ma part. Je compte poursuivre sa filmographie si ce n’est avec frénésie au moins avec un grand enthousiasme, ce que je n’ai pas eu depuis longtemps avec un réalisateur.
On y retrouve sa muse Diane Keaton et lui même, en couple, cette dernière essayant de résoudre au début du film ce qu’elle pense être un simple questionnement voire un début d’énigme. Les interrogations de Carol vont nourrir une véritable obsession, de plus en plus convaincue que la mort de sa vieille voisine est plutôt due à son assassin de mari qu’à la crise cardiaque que l’on prétend. Elle va entrainer malgré lui son mari, frêle et pleutre dans une chasse aux indices. Certains reprochent la facilité et la prévisibilité du dénouement, à vrai dire je pense que les révélations de l’enquête importent peu et l’histoire policière du couple permet de mettre en avant la très belle plume d’Allen, explorant avec humour les quiproquos, les situations incongrues et la maladresse des rapports entre êtres humains. Certaines scènes sont excellentes, inoubliables, particulièrement celle de l’ascenseur où Larry joue les claustrophobes, divaguant dans les méandres et les bizarreries de ses pensées ou encore la scène du montage après l’audition.
Les questionnements autour du couple sont moindres que chez Annie Hall, ce qui n’est pas plus mal, permettant un ton plus léger, où la formidable alchimie des deux compères nous suffit à l’écran. L’ambiance est hitchockienne, certaines scènes faisant écho de nombreuses fois à Sueurs froides. Le style Allen emporte tout sur son passage, tellement marqué que peut-être répétitif au bout du compte mais tellement charmant et surtout humain que je ne pense pas de suite me lasser!