Réchauffer Les Cœurs

Je n'ai définitivement aucune volonté, aucune résistance à la connerie, donnez moi un film avec un pitch débile, un titre à la con, une affiche aguicheuse et je fonce tête baissée, pire encore je plonge sans bouteilles d'oxygène dans les tréfonds et les bas fonds du cinéma bis. Pourtant un film quasiment inconnu et oublié qui s'appelle Massacre au Micro-onde et réalisé par un type qui n'a fait que trois films en trente ans, tu sais dès le départ que tu ne vas pas découvrir la perle rare du septième art ni même du cinéma de genre. Pourtant j'y vais droit devant, c'est comme une attraction fatale, un désir compulsif d'une étreinte honteuse, je suis un véritable aimant à merdouilles. Pourtant je suis conscient que comme me le dit souvent un pote que j'écoute d'une oreille distraite: "Il y-a tant de grands films et de chefs d’œuvres que tu n'a jamais regardé je ne comprends pas pourquoi tu perds ton temps à mater autant de films de merde". Tant pis mes amis, si je devais mourir demain je n'aurai certes jamais vu Ben-Hur mais moi j'aurai vu Massacre Au Micro-Onde. Mais revenons à notre sujet du jour avec ce Microwave Massacre un obscur film de vidéoclub tourné en 1979 et sorti en 1983 réalisé par Wayne Berwick.

Microwave massacre c'est l'histoire de Donald un brave ouvrier du bâtiment qui ne supporte plus son épouse May (Claire Ginsberg dans son unique rôle). Sur un coup de colère il trucide donc sa femme, la découpe en morceaux et découvre qu'elle a enfin bon goût une fois passée au micro onde. Devenu cannibale, Donald commence à ramener de plus en plus de jeunes femmes pour le dîner.

Microwave massacre est à peine un film d'horreur, le film est surtout une grosse farce avec des nichons, du sang et des gags à la con. Hormis le comédien principal Jackie Vernon dans le rôle de Donald que l'on a pu apercevoir comme second couteau dans quelques films et séries tout le casting se compose de débutants et amateurs dont les maigres filmographies respectives dépassent rarement la demi douzaine d'obscures productions, autant dire que le film tout entier transpire le budget minimal et une forme globale d'amateurisme. Pourtant aussi crétin soit il, on se couchera un peu moins con après avoir regardé Microwave Massacre car on apprendra même deux trois trucs à commencer par la taille gigantesque et ahurissante d'un micro onde de la fin des années 70 qui ressemble à un immense four industriel monolithique et très encombrant. Autre petit détail amusant, le scénario prend un peu le contre pied de ce que l'on pouvait attendre car la femme de ce brave Donald est une épouse attentionnée qui lui prépare avec amour des petits plats originaux et des dîners aux chandelles tout en tenant une maison toujours impeccable, bref une épouse parfaite du moins selon une certaine vision de l'American Way of Life. Sauf que ce bon Donald est un peu plus rustre et n'en peut plus de l'ordre et des petits plats mitonnés et il souhaite plus de bordel dans sa morne vie et surtout une bouffe simple et bien grasse qui lui tâche les doigts et la chemise. Un couple un peu grossier dans l'épaisseur d'un trait très caricatural renforcé par une interprétation bien appuyée de Jackie Vernon et surtout Claire Ginsberg très grimaçante dans le rôle de May. Quant au niveau horrifique il faudra se contenter quelques membres factices recouvert de liquide rouge et deux trois jets de sang, rien en tout cas qui puisse justifier pleinement le titre aguicheur du film.

Fort heureusement si comme moi l'humour très crétin ne vous rebute pas trop, le film regorge de moments plutôt sympathiques capables de titiller mollement nos zygomatiques. Je citerais en vrac la voisine nymphomane de Donald qui plante ces fleurs à l'aide de son vibromasseur, une vision étrange d'une femme nue tartinée de mayonnaise puis enfermer entre deux tranches de pain de mie en mousse ou ce SDF qui après avoir trouvé un avant bras dans une poubelle s'en va tranquille en s'en servant comme gratte dos. On croisera aussi une prostituée qui s'appelle Dee Dee Dee car sa mère était bègue au moment d'épeler son véritable prénom et qui du coup propose l'expérience unique de faire l'amour en 3D, car oui on en est bel et bien à ce niveau consternant de blagues. Et encore je vous cite les meilleurs moments comique du film en vous épargnant le patron de bar qui parle de ses hémorroïdes, l'ouvrier super baraqué et gay qui hurle quand une femme le touche ou le docteur cinglé qui joue aux fléchettes avec des seringues.

Microwave Massacre est une comédie potache un peu lourde parfois amusante et parfois consternante, dommage que le film ne pousse pas bien loin l'aspect horrifique de son concept ni les aspects les plus trash de son humour car le film avait le potentiel d'une bonne série B débile à la Troma.