Midnight
Midnight

Film de John A. Russo (1982)

Auteur et co-scénariste de La Nuit Des Morts Vivants en 1968, John A Russo semble avoir un peu passé sa vie à tenter de renouer avec le succès et la réussite de sa première et tonitruante incursion dans le cinéma. Entre d'innombrables exploitations du succès du film de Romero (suite, remake, édition spéciale) John A Russo se frottera tout de même à des projets plus personnels comme ce Midnight , adaptation d'une de ses nouvelles qu'il décide cette fois ci de réaliser lui même.


Midnight c'est l'histoire de Nancy, une adolescente en fugue qui fuit un beau-père incestueux et tente de rejoindre en auto stop sa sœur en Californie. Elle se retrouve donc à faire la route avec deux amis qui à cause d'un larcin dans une supérette se retrouvent égarés sur le territoire d'une famille de bouseux pratiquant des rituels sataniques.


Midnight est un film d'autant plus décevant qu'il possédait dans les recoins sombres de son récit les ingrédients d'un film profondément perturbant et dérangeant. Dès les premières scènes du film on ressent un léger malaise palpable avec cette mère de famille ordonnant à son jeune fils d'achever à coups de bâtons une adolescente prise dans un piège à loups sous prétexte qu'elle serait un démon ou lorsque ce gros flic alcoolisé fait des avances dégueulasses à sa fille adoptive. Le problème c'est aussi que dès le début on sent qu'un truc ne fonctionne pas vraiment et que ces scènes un peu chocs n'ont finalement que très peu d'impact sur celui qui les regarde et ceci pour de nombreuses raisons qui ne feront que tristement se confirmer à mesure que le film avance. Le film tourné le plus souvent avec une équipe réduite de trois personnes et une pellicule de mauvaise qualité obligeant parfois John A Russo a conservé des prises qu'il n'estimait pas être les meilleurs va effectivement très vite montrer toutes ses limites. Globalement le jeu des comédiens et comédiennes est assez médiocre et surtout le film n'instaure visuellement aucun climat d'angoisse et de malaise avec une photographie désespérément plate, un montage maladroit et une lumière sans ombres ni contrastes. Il faut également ajouter une bande originale synthétique faiblarde et surtout souvent mal appropriée désamorçant la plupart des scènes de tension. Et comme John A Russo n'est pas un très grand réalisateur capable de transcender son manque de moyens et de techniciens par des idées pertinentes de mise en scène on se retrouve avec un film peu rythmé, mal foutu, lisse et assez inoffensif ce qui est un comble vu les sujets qu'il aborde en filigrane. Toujours au registre des déceptions, la présence de Tom Savini au générique ne se fera pas trop ressentir à l'écran avec des effets horrifiques très sommaires et bricolés, à relativiser sans doute au regard de l'étroitesse du budget.


Bien qu'il rejette l'idée de s'en être inspiré Midnight fait par certaines thématiques légèrement penser à Massacre à La Tronçonneuse, entre autres choses pour sa tribu de rednecks avec un grand gaillard couillon en salopette et cette famille qui conserve un de leur membre quasiment à l'état de momie. Pour le reste le film nous offre une plongée dans un sud profond, profondément et ouvertement raciste le faisant clairement ressentir au personnage noir du film qui d'ailleurs finira abattu comme un chien dans la seule scène qui fonctionne totalement sur le registre du malaise. Pour le reste le film n'a objectivement pas grand intérêt et il avance un peu paresseusement jusqu'à un final visiblement bricolé à la va vite pour satisfaire les distributeurs du film.


Midnight n'est même pas vraiment une déception tant c'est le genre de petit film dont on attend rien de particulier. La paresse de mise en scène et les innombrables limites techniques du film empêchent de rendre totalement palpable la rugosité des sujets abordés (inceste, crime raciste, fanatisme). John A Russo toujours prompt à exploiter un filon va réaliser une suite en 1993 et produire un remake en 2020, des films jamais sorties en France mais que j'aimerai bien découvrir pour satisfaire ma curiosité un peu tordue.

freddyK
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le 1 juil. 2024

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Freddy K

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