Milo de Pascal Franchot fait parti de ces petits films objectivement assez mauvais mais que j'aime bien quand même. Le film n'est pas un mauvais film sympathique comme le sont les nanars mais un bon gros DTV authentiquement médiocre qui s'inscrit dans ce que l'on appelle parfois les plaisirs coupables. Je ne suis pas trop fan de cette expression générique (merde il ne manquerait plus que l'on s'excuse de prendre un peu de plaisir) mais je comprends parfaitement les avis négatifs autour du film, je ne suis pas aveugle à ses innombrables défauts mais au bout du compte je continue de l'apprécier.
Milo c'est une histoire somme toute assez banal d'un sale gosse tueur. Une quinzaine d'année après avoir été blessée par un gosse étrange nommé Milo Jeeder, Claire Mulins revient dans sa ville natale dans laquelle elle retrouve ses amies de l'époque. Assez vite Claire à l'impression que Milo , toujours enfant et bien que prétendument mort noyé et enterré, est toujours présent et qu'il s'en prend à elle et à ses amies sans que la police local puisse croire à cette histoire.
Comme je ne suis pas miro et plutôt objectif on va commencer par les innombrables et évidents défauts du film de Pascal Franchot. Tout d'abord Milo est un film avec une écriture pour le moins évasive, si vous êtes le genre de spectateur à toujours vouloir savoir le pourquoi du comment, à scruter les incohérences dans une structure narrative ou à attendre qu'une histoire s'inscrive dans une imperturbable logique, vous serez forcément décontenancés par le film écrit par Craig Mitchell. Alors pourquoi Milo il a pas grandi d'un pouce en 15 ans ? Pourquoi Milo il est pas vraiment mort ? Pourquoi Milo il semble parfois apparaître et disparaître au bon vouloir de l'intrigue qui le place là elle veut ? Pourquoi Milo il attend quinze ans pour se venger des filles qui sont restées dans la même ville que lui ? Pourquoi quand Milo il fonce sur quelqu'un avec son petit vélo on a l'impression qu'il fait autant de dégâts que si il conduisait un 38 tonnes ? Et pourquoi vous vous posez autant de questions d'abord ? Alors oui le film est un peu bourré d'approximations et de trous narratifs mais personnellement j'ai tout compris, y-a un sale gosse et il est un peu obsédé par les fifilles. Au niveau de la mise en scène Pascal Franchot ne fait pas vraiment des étincelles et sa mise en scène bien pépère et sans imagination rappelle tout de même qu'il a plus un patronyme d'expert comptable que de réalisateur que de cinéma. Le film est donc très platement mis en scène et il peine a vraiment gérer le suspens et l'aspect horrifique d'un récit en plus assez avare en scènes gore.
Maintenant on va passer aux aspects plus positifs du film et à la défense un peu irrationnel du long métrage de monsieur Franchot. Tout d'abord j'aime bien le personnage de Milo qui s'avère être l'un des sales gosses les plus tordus que l'on ai vu sur un écran. Toujours la tête enfoncé dans la capuche de son cirée jaune, Milo Jeeder est le genre de gamin à inviter les petites filles de son âge à venir voir une collection de fœtus dans des bocaux contre la promesse de pouvoir jouer au docteur comme papa, lequel petite précision qui fait tout le piment du truc est gynécologue. D'ailleurs quinze ans plus tard et toujours gamin Milo garde une obsession assez glauque pour l'examen des intimités féminine et la pratique de l'avortement sauvage. Milo est donc une belle petite saloperie courte sur patte qui joue du scalpel comme un bon petit apprenti tueur de slasher. Tout cet aspect franchement glauque du personnage réussit à générer au sein d'un film globalement assez mal foutu un certain sentiment de malaise, rendant d'autant plus dommage que la direction artistique, la photographie et la mise en scène ne suivent pas. Mais quand même, à de rares exception le film nous offre des séquences assez percutantes comme lorsque Milo joue vicieusement du rasoir sur un jeune femme qui regardait un film super 8 de son enfance avec ce bon Milo qui faisait déjà partie du décor. La musique et le sound design du film sont aussi l'un des point positif de Milo à commencer par ce bruit de carte à jouer prise dans les rayons du vélo du gamin et qui annonce sa venue, un son qui est d'ailleurs inclus dans certains morceaux de la bande originale du film de manière très efficace. Et puis même si ils n'ont pas grand chose à défendre avec des personnages peu fouillés le film s'appuie sur un chouette casting avec Antonio « Huggy les bons tuyaux » Fargas, l'excellent Vincent Schiavelli dans le rôle du père de Milo, Jennifer Hjaustin (qui incarnera plus tard une des victimmes de La Maison des Mille Morts) dans le rôle de Claire et Richard Portnow (Vu chez Fincher, Woddy Allen, Les frères Coen, Terry Gilliam et Jim Jarmush) dans le rôle de l'inspecteur qui gueule beaucoup parce que non de non un gamin mort depuis quinze ans qui rue des gens ce n'est pas sérieux. A noter aussi que même si elle n'est pas créditée au générique on pourra reconnaître parmi les gamines d'une classe d'école la jolie frimousse d'une certaine Mila Kunis alors âgée de treize ans mais qui tournait déjà son troisième film.
Alors oui je sais Milo c'est un peu nase et pas super bien écrit, les personnages ne sont pas top et les dialogues creux au possible mais le petit sentiment de malaise un peu glauque qui se dégage parfois du long métrage donne un petit aspect sulfureux à un film par ailleurs bien sage. Je plaide donc coupable de succomber au charme venimeux de ce sale gosse obsédé avec son vélo qui fait un bruit bien stressant.