Vu hier soir en entier sur TV5 Monde sans coupure pub où il est encore visible jusqu'au 08/08/2022: court, efficace, émouvant et sur sujets très pertinents:
"Sète, années 1960. Mima, 12 ans, vit au sein d'une communauté italienne immigrée. Elle ne se sent bien qu'en compagnie de son grand-père, Nonno, qui a conservé un ascendant moral important sur ses compatriotes. Réalisation : Philomène Esposito (France, 1990) Distribution : Nino Manfredi (Nonno, le grand-père), Virginie Ledoyen (Mima), Margarita Lozano (la grand-mère), Vittoria Scognamiglio (la mère), Toni Cecchinato (le père), Patrick Bouchitey (l'inspecteur) Genre : comédie dramatique Palmarès : sélection officielle (Berlinale 1991)
J'ai aimé ce film.
Pas de fioritures esthétisantes tout en étant beau et mémorable.
J'ai repensé au film ce matin.
Il pourrait faire partie du groupe d'oeuvres sur SC liées au Parrain?
Nino Manfredi joue au moment du film à Sète, une sorte de gentil grand-père cordonnier, me rappelant Gepetto dans Pinochio ou Al Pacino en serrurier dans le méconnu Manglehorn de David Gordon Green.
Mais dans son passé en Calabres, il a été je crois une sorte de John Savage/Père Andrew Hagen mais laïc. Une sorte d'aidant bénévole dans les démarches administratives pour tous et toutes.
Efficace et gratuit, il a peut-être fait de l'ombre à une organisation, plus grosse et moins efficace...
Son bénévolat, qu'il a continué une fois en France envers les italiens, me rappelle la scène et les plans sur le bureau du papa de Zinedine Soualem dans Leur Algerie.
Et justement, ce Mima fait beaucoup penser aux questions encore actuelles d'intégration et assimilation.
Un des maris Italiens n'est pas content que sa femme italienne ne parle pas aux Françaises et ne les fréquente pas. Ce en quoi, cette belle-soeur est approuvée par le femme d'un autre Italien qui considère les Française comme manquant de "pudeur" (un des mots favoris du présentateur radio&télé Nagui).
Me reviens aussi cette Vittoria Scognamiglio en foldingue quasi psychopathe, totalement comme encore embringuée dans la secte et traditions mafieuses, comme entre autres, celle du cycle de la vengeance! Son regard et jeu m'ont rappelé Jake Gyllenhaal dans Night Call/Nightcrawler de Dan Gillroy. La scène d'abord douceureuse où elle propose un shampoing à sa fille, et qui finit par un secouage de bébé, m'a rappelé en moins drôle ce que disait Louis de Funès sur sa mère qui l'amadouait pour le faire parler et s'approcher, mais il pouvait voir, qu'elle préparait son autre main pour lui donner un coup...technique et fourberie qu'il utilisera et qui est pratiquée par la maman désorientée ici.
Patrick Bouchitey joue le policier et représente l'Etat Français, essayant de faire comprendre aux invités, les règles de la maison. D'autant que certains devenus et devenant Français l'oublient:
"Il va de soi pour le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé des droits de l'homme que c'est l'ensemble des personnes résidentes sur le sol français qui sont tenues de respecter les traditions d'accueil et de tolérance qui font la grandeur de notre pays. La loi fait d'ailleurs obligation aux personnes de nationalité étrangère vivant en France de respecter, sans restriction, l'ensemble de nos lois pénales, et d'adopter un comportement qui ne soit contraire ni à l'ordre public ni aux bonnes moeurs".(extrait de débat au Sénat Français en ...1988)
Les beaux décors sont peut-être sous exploités mais c'est sans doute par volonté de se concentrer sur l'histoire et ses personnages tous joués avec justesse.
En plus de la mafia (mot pas mentionné une fois je crois), de la vengeance et le respect des traditions, le film lie tous ses sujets avec celui du passage à l'âge adulte d'une adolescente.
Virginie Ledoyen rappelle alors aux boomers Molly Rongwald dans les films de John Hughes et peut-être Zendya à d'autres.
La métaphore du sang versé est peut-être un choix qui ne plaira pas à tout le monde: elle devient adulte dans la chambre de sa mère, assis sur le lit de ses parents; elle verse du sang, le cache à sa soeur et décide alors d'aller peut-être tenter d'empêcher que plus de sang soit versé lors de l'enterrement.
Pour un meilleur texte, je renvois à la critique d'un André Videau dans Persee.fr (même si je ne partage pas sa seule réserve, sur "les accents", car ne l'ai pas entendue).
Aimant bien l'atmosphère photo du film, je vais aussi voir qui a aidé Philomène Esposito et découvre que c'est un Carlo Varini, qui a (justement...) travaillé sur celle du Dernier Combat,
mais aussi Subway, Grand Bleu, Les Choristes etc.