Mimic 2
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Mimic 2

Film DTV (direct-to-video) de Jean de Segonzac (2001)

Adaptation d’une nouvelle, Mimic marquait surtout l’entrée de l’incontournable Guillermo del Toro dans l’univers hollywoodien. Des débuts qui ne lui plut guère (désaccords avec la production, au point de sortir le film sous une version director’s cut). Quoiqu’il en soit, Mimic reste un film qui a eu du succès aux États-Unis et non à l’international (sur 31 millions de dollars de rapportés, 25 millions proviennent de chez l’oncle Sam, remboursant de justesse le coût du film). C’est peut-être pour cette raison que ce second opus n’est jamais sorti en salles, du moins chez nous. Ce qui ne l’empêche pas d’être analysé !

Rappel des faits : à New York, une épidémie transmise via les cafards condamne des centaines d’enfants. Jusqu’à que des scientifiques créent des insectes éphémères (appelés Judas) pour éradiquer ces cafards qui pullulent dans les égouts. Quelques années après, plus aucun cas de maladie ! Sauf quelques Judas qui ont survécu malgré leur faible durée de vie et qui ont évolué au point de s’attaquer et même d’imiter les êtres humains. Si vous n’avez pas vu le 1er film, je vous laisse deviner comment ça se termine (extermination de ces gros insectes peu ragoutants). Et pourtant (et c’est là que le 2 prend le relais), il resterait encore des Judas en vie. Ce que confirme cette suite quand des cadavres sont découverts, ce qui va impliquer dans l’affaire une institutrice et un inspecteur de police.

Le film de del Toro se démarquait des films du genre de par l’originalité de ces bestioles (qui peuvent prendre une apparence humaine, avec leurs ailes pliées tel un imperméable et le haut de leur carapace formant de loin un visage) et les effets spéciaux. Mais du côté du scénario, c’était vraiment basique. Cette suite ne sort donc pas des sentiers battus. Des morts, des personnages qui s’en mêlent, du suspense (alors qu’il devrait même pas y en avoir, le spectateur savant à quoi s’attendre), les héros devant survivre dans un endroit clos et peu accessible d’accès… Bref, le schéma classique de tout film de monstre qui se respecte ! Et qui copie sans se fouler le 1er épisode. Enfin, pas dans son intégrité. Et c’est doute cela qui lui portera le coup de grâce !

Dans Mimic premier du nom, Guillermo del Toro nous présentait un Manhattan poisseux, rendu peu réjouissant avec sa majeure partie du temps se déroulant de nuit, avec la pluie n’arrêtant pas de tombe à verse. Pour finalement se poursuivre dans des décors au sec mais tout aussi lugubre (trame de métro déserte, les égouts…). Ici, ça commence pareil (dans des ruelles trempées à souhait) pour se poursuivre… dans une école ?? Eh, les scénaristes, vous étiez en manque d’idées de lieux respirant le danger ? Je ne sais pas moi, vous auriez très bien pu raconter l’histoire dans une usine désaffectée ou un truc du genre ! Rien que le détail de l’école détruit déjà l’image horrifique du film. Sans compter que la fin se penche vers le n’importe quoi prévisible, mettant en cause une nouvelle histoire d’évolution de la bestiole (oui, il n’y a qu’un seul Judas dans ce film !) qui pousse le bouchon un peu trop loin sa capacité de mimétisme. Mêlé à une sorte de trame du style La Belle et la Bête qui n’a rien à faire là.

En parlant de chose étrange, j’ai rarement vu des personnages aussi mal amenés dans une histoire ! Il faut reconnaître qu’il y a quelques petites pistes parsemées ici et là prouvant que les scénaristes ont voulu les travailler. Mais bon sang que c’est brouillon ! Une institutrice qui cherche le grand amour, se prenant en photo pour X raison et qui connait un élève (est-ce un étudiant au moins) amoureux d’elle sorti de nulle part. Un flic qui joue les durs alors qu’il croit en l’innocence de cette même institutrice (accusée des meurtres) jusqu’à avoir un béguin inavoué pour elle. Un jeune garçon présent parmi tout ça parce que ça tante n’est pas encore venu le chercher à l’école. Des histoires sans queue ni tête qui n’apporte rien au film, sinon un semblant d’inachevé et de ridicule. Renforcé par une interprétation qui laisse à désirer.

Vraiment dommage car Mimic 2 avait quelques atouts en poche. Notamment avec des effets spéciaux assez réussis (surtout avec ce budget qui monte à seulement 10 millions de dollars) et des séquences mises en scène avec savoir-faire pour procurer la dose de divertissement nécessaire à ce genre de film. Ce n’est pas Peur Bleue (il faut lui reconnaître sa très grande efficacité) mais ça peut faire passer le temps.

Il a été préférable de ne pas voir cette suite débarquer dans nos salles, étant en tout point dispensable comparé au premier film. Comme quoi, vouloir copier n’achemine pas forcément à un résultat identique à l’original (un constat que l’on remarque déjà sur beaucoup de remakes). En même temps, difficile de faire mieux quand del Toro est déjà passé par là !
sebastiendecocq
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le 7 oct. 2013

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