Gerry en mode mineur
Avec Mimosas, Oliver Laxe s’inscrit dans les pas d’une tendance qui, de Gerry (Gus Van Sant, 2002) jusqu’au récent Jauja (Lisandro Alonso, 2015), associe le déplacement des corps dans d’immenses...
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le 13 août 2016
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MIMOSAS, la voie de l’Atlas (14,8) (Oliver Laxe, ESP, 2016, min) :
Ce road movie désertique envoûtant suit le destin d’un groupe d’hommes en caravane accompagnant un cheik mourant dans les montagnes du Haut Atlas marocain. Olivier Laxe après son premier long métrage documentaire « Vous êtes tous des capitaines » (2010) nous offre comme première fiction une sorte de western et de quête de Graal ayant remporté le Grand Prix dans la sélection « Semaine de la critique » à Cannes en 2016. Sa mise en scène capture somptueusement la nature en décors naturels pour mieux nous en montrer et faire ressentir les dangers au lieu de la sublimer. Le réalisateur filme à hauteur d’hommes réduit presque en poussière au milieu de ces montagnes hostiles oubliées des dieux, il utilise parfaitement de manière sonore tout ce qui est minéral en nous faisant ressentir le vent, le bruit de l’eau, les pierres sous les pas des chevaux ou des humains. L’auteur n’hésite pas à avoir recours aux gros plans à la Sergio Leone pour nous inviter à mieux cerner au plus profond des âmes pour découvrir leurs questionnements mystiques intérieurs. En parallèle il confronte de manière quasi documentaire une autre caravane plus urbaine et contemporaine composée de taxis lancés à pleine vitesse sur les pistes poussiéreuses afin de brouiller un peu les pistes rendant parfois un peu le récit plus opaque mais apporte une touche complémentaire au récit en renvoyant à la progression du personnage principal. La narration s’articule en un prologue et trois chapitres (aux longueurs étrangement disparates et au dénouement trop brutal…) décliné avec un rythme assez lent, décrivant ainsi la progression délicate de l’expédition avec une réalisation austère, âpre, sèche, mais vertigineuse servi par une photographie 16 mm qui magnifie les visages et intensifie le rapport rugueux de l’homme à la nature de par son grain particulier. Nourri par un grand sens du spirituel cette intense chevauchée « fantastique » nous montre des hommes pousser dans leur foi intérieure la plus profonde pour continuer ces chemins de l’impossible où le danger est aussi bien naturel (routes et rivières dangereuses) qu’invisible (assaut de tirs rebelles) et cela s’avère assez fascinant. Le film doit sa beauté également par le casting très bien choisi avec des acteurs aux visages très expressifs et d’une beauté iconique. Venez découvrir ce conte chevaleresque qui convoque aussi bien l’ascèse de Bresson que les errances métaphysiques de Tarkovski dans « Mimosas, la voie de l’Atlas ». Une expérience cinématographique captivante, mystérieuse, méditative, épique et superbe !
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Créée
le 22 sept. 2016
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