Le lounge pour le bon et le moins bon
« Salut Bob et tous les autres Bob ! » Auteur de bande dessinée, Dave McKean est plus largement dessinateur et graphiste ; il a signées des pochettes d'albums de plusieurs...
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le 6 févr. 2015
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« Salut Bob et tous les autres Bob ! »
Auteur de bande dessinée, Dave McKean est plus largement dessinateur et graphiste ; il a signées des pochettes d'albums de plusieurs célébrités comme Alice Cooper ou Tori Amos. En 2005 il réalise un film en collaboration avec Neil Gaman, auteur de romans de SF et de fantasy, dont un des travaux est la source du film Coraline. En avant-première au festival de Sundance, le résultat est très apprécié. Prévu pour le marché de la vidéo, MirrorMask se voit promu en salles. Mais la critique est froide, le succès éclair et le film vite délaissé par le public ; il trouve une poignée de fans et devient un produit marginalement 'culte'.
MirrorMask est un produit lounge, pour le meilleur et le moins bon. L'histoire est un patchwork d'inspirations (cinéma et littéraires) et de décalque des fondamentaux du jeu-vidéo. Le spectacle manque de synthèse, la continuité est lâche. La narration gravement décousue, sans que le film verse dans le contemplatif ou ne s'écarte de toutes ces 'missions' poussives ou ces enjeux à la grandiloquence banale. Néanmoins MirrorMask n'est pas bon à jeter, loin de là et même si ses boucles sont sans issue il s'améliore en cours de route. Il y a quelques moments planants (le moment de la transformation), les effets les plus douteux étant pour le début et la 'réalité'.
L'univers en lui-même est parfois assez indistinct ; il y a là une méthode quasi gilliamesque, dans le mauvais sens du terme ; cette manie de se laisser porter par l'inspiration. Mais McKean bute sur des murs énormes et se retrouve à sec, ce qui n'arrive pas avec Gilliam. Le sens artistique est parfois vicié par une animation défaillante. L'effet jeu vidéo est garanti, avec des particularités qui ne s'excusent que dans ce monde-là et au début des années 2000 : par exemple, les problèmes d'incrustations des personnages secondaires et certains mouvements. Avalon pouvait avoir les mêmes défauts a-priori, mais il y a le génie (d'Oshii), un goût plus prolixe et cohérent à la fois, une démarche assurée et visionnaire qui font toute la différence.
Après tout, le monde parallèle arpenté par Helena se nomme Dark Lands – quand même. Les idées travaillant le film ne sont pas mirobolantes. Émotionnellement le programme est assez criard, mais là encore s'améliore au fur et à mesure, laissant les personnages autour de l'ado tourmentée en guise d’héroïne passer du stade de misères à celui de sparring partner de caractère. Avec son état d'esprit cheap et sa part de lucidité molle, le 'fond' est en adéquation avec la forme. S'exprime la défiance envers l'ascendant des parents, les regrets sur son attitude passée ; sorte de grand méli-mélo pas dégrossi ni approfondi, avec ambivalence entre démangeaisons passives-agressives et désir de réconciliation.
Bref, spectacle charmant en tant que réservoir passif d'illustrations pour adeptes d'Art Nouveau appliqué à du néo-Jim Henson (Labyrinth, Dark Crystal) ; fébrile mais décent voir aimable comme film de cinéma ; essai aux grandes ambitions sans tripes, peut-être exécuté trop vite. La consécration est passée avant l'inspiration.
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le 6 févr. 2015
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