Miss Fisher et les larmes de plaisir des fanboys

Avant tout il faut savoir que je suis fan de la série dont j'ai dévoré les 3 saisons en moins d'une semaine. En partant de ce postulat quand j'ai su qu'un film était sorti en 2020, suite directe à la série, je me suis jetée dessus faisant fi des retours extrêmement négatifs que j'avais pu lire.

Et j'ai bien fait car j'ai adoré ce film plein de qualités, totalement dans l'esprit de la série tout en sortant de sa zone de confort et en développant la relation entre les 2 personnages si chers à nos cœurs.

En effet, ce que je redoutais le plus en tant qu'admiratrice absolu du duo Jack/Phryne c'était que leur relation soit dénaturée dans ce film, que l'écriture des personnages ne soient pas dans la continuité de la série. Et bien que les fans comme moi se rassurent, les scénaristes ont plus que jamais respecté leurs personnages Jack et Phryne en offrant à leur relation l'évolution la plus naturelle et logique.

Les créatrices ont fait le choix très pertinent d'explorer le format long métrage pour sortir à la fois les spectateurs et les personnages de leur zone de confort. Pertinent puisque quel est l'intérêt de faire un film qui soit simplement un épisode d'1h40 au lieu de 50min?

Ainsi dans Miss Fisher and The Crypt of Tears, Phryne et Jack quittent l'Australie pour une ancienne colonie britannique, la Palestine, où ils mènent une enquête sur fond d'exactions commises par des soldats britanniques pendant la Première Guerre Mondiale et de mythe alexandrien.

Le contexte historique est toujours aussi bien exploité, d'abord via les costumes qui montrent une certaine évolution par rapport à la série, nous permettant de constater le basculement dans les années 30 des protagonistes. Puis via l'évocation du front africain de la WW1 qui est assez peu exploité en fiction et enseigné, donc relativement méconnu il me semble. Sans oublier les tensions entre les colonisateurs et les colonisés, rapports compliqués dont on constate encore les vestiges aujourd'hui, des années après la décolonisation.

Quant à la partie mythe alexandrien du scénario je dois admettre que comme beaucoup je n'ai pas été convaincue par l'aspect fantastique de l'enquête. En plus de ne pas apporter grand chose, le côté "cheap" des artefacts et du tombeau de la présumée fiancée bédouine d'Alexandre le Grand peut en rebuter plus d'un. Cependant je conçois et respecte ce choix qui résulte sans doute d'une volonté des créateurs de Miss Fisher de rendre hommage au cinéma de genre.

D'ailleurs en parlant de cinéma de genre, il est vrai que la comparaison avec Indiana Jones semble assez évidente. Pour un spectateur qui ne serait pas familier avec l'univers de la série, Miss Fisher peut simplement évoquer une Indiana Jones féminine, mais pour quelqu'un ayant vu les 3 saisons cette comparaison n'a pas lieu d'être et ne rend absolument pas justice à la détective inspirante et hors pair qu'est Phryne Fisher. Ceux qui ont vu la série et qui ont cerné et apprécié le tempérament intrépide de Miss Fisher savent très bien que c'était plutôt la contenir en Australie qui était compliqué. Donc que le film prenne place à l'étranger et que l'accent soit d'avantage mis sur les scènes d'action que dans la série me paraît parfaitement justifié.

Miss Fisher ans the Crypt of Tears est un film qui a failli ne jamais voir le jour faute de financements (en général avoir recours au financement participatif n'est jamais bon signe). Et pour un film avec un budget aussi maigre je trouve les scènes supposément dans le désert palestinien (en réalité tournées au Maroc) somptueuses. C'est un choix d'avoir investi l'argent dans le tournage à l'étranger plutôt que dans des effets spéciaux irréprochables que je valide complètement.

Il faudrait voir à ne pas oublier qu'il existe un entre deux entre les films d'auteur et les productions hollywoodiennes au budget illimité. Miss Fisher en est l'exemple type, et je trouve dommage qu'il se fasse bâcher juste à cause de son statut d'entre d'eux.

Alors oui j'ose mettre un 8/10 à ce film qui n'est pourtant pas un chef d'œuvre révolutionnaire du cinéma (et n'a aucune prétention à l'être) car j'ai passé un excellent moment en compagnie de personnages que j'adore, que je trouve extrêmement inspirants et que je remercie d'exister.

(Puis aussi je veux à tout prix la suite de Miss Fisher qui va dépendre du succès de ce premier film, donc allez lui donner de l'amour, je vous promets qu'il mérite)