Bizutage

Voici un film que j'aurais aimé aimer dont je viens de baisser la note, ce qui doit être, pour un film d'importance (vu plusieurs fois dont une au cinoche) la première fois depuis que je suis sur SC. Mais non, je n'arrive pas à être emballé même si une relecture aujourd'hui prend un nouveau jour à la lumière des dernières séquelles (MI 6 et 7)

La première redécouverte, Tom Cruise, himself, mal coiffé, il lui a fallu du temps pour convaincre, trouver son personnage qui commence à prendre ses marques dans le 3 avant de devenir le ETHAN HUNT de Ghost Protocol. Dans le premier, malgré quelques scènes de bravoure, il est trop le Tom Cruise années 80 début 90, tel le Ethan Hunt du film qui sort du lycée pour arriver dans la cour des grands. Dans son premier dialogue avec Emmanuelle Beart, il crie comme dans Rain Man, il fronce les sourcils comme dans Top Gun, il joue ses gammes comme dans la Firme, bref, le parallèle avec son personnage qui se fait jouer tout le long du film est évident. Car oui, Ethan n'est pas au point et c'est peu dire. Quand il discute avec Kittridge, il admet lui même que l'agent vivant est la taupe et il va attendre la fin du film et monter tout un pataquès pour accepter que Claire est dans le coup alors que le Ethan de maintenant serait au courant avant tout le monde. Le scénar joue la carte sentimentale pour faire passer la pillule, pourquoi pas, à l'époque, Miss Béart avait un bon sex appeal ( j'étais puceau ) mais c'est un peu fort de café pour un personnage avec une telle assurance ( pas toujours flagrante dans cet épisode mais requise pour arriver au bout du film ).

Et c'est peu de dire que les trajectoires de Tom Cruise et Brian De Palma se croisent ici (de la même manière que celle de Depardieu et Auteuil dans Jean de Florette / Manon des sources Oh tiens! Encore Manue Beart!) Tant la carrière de l'un va prendre une ampleur inédite et l'autre va flétrir irrémédiablement. Force est d'avouer que malgré son savoir faire, la patte du maitre n'est pas flagrante et se révèle générique la plupart du temps. Je suis tenté de dire que seules les mises en œuvres à Prague et le retour de Jim à Londres rappellent la grandeur du metteur en scène, surtout quand il image la pensée d'Ethan lors de la révélation de la traitrise de Kittridge, la grande scène du film.

Quand à l'action, je ne vais pas contredire la réputation du braquage de la CIA et la scène du train tient toujours la dragée haute au cinéma actuel ( actuellement malade, j'ai enchainé MI7 et Bullet Train).

Quoiqu'il en soit, et qui est respectable dans toute la production, toutes les bases de la série cinématographique sont jetées, j'ai en tête le contrôleur SNCF qui tombe dans les pommes à l'arrêt du train qui préfigure le personnage de Benji Dunn , l'image de l'équipe qui sort sereinement de la mission intermédiaire, l'utilisation astucieuse/flagrante pré numérique des masques, la systématique controverse vis à vis de l'IMF qui est déjà controversée par rapport aux autres agences controversées, sans oublier la scène grain de sable lors de la cascade la plus risquée.

Si, pour de bonnes raisons, les fans de la série avaient à redire par rapport à cette adaptation, aujourd'hui, Ethan Hunt, 60 ans, est le nouveau Jim Phelps. Vu comme le premier épisode d'une nouvelle saga, on ne peut nier le coup réussi même s'il a fallut encore deux films pour parfaire la recette