Robert Siodmak fait partie de ces cinéastes allemands qui ont fuit le nazisme au début des années 30 pour fuir aux Etats-Unis et devenir les maitres d'Hollywood. Beaucoup d'entre eux sont passés en transit par la France. Contrairement à la majorité qui ont au mieux réalisé un film en France avant de traverser l'Atlantique (comme Fritz Lang et son Liliom), Siodmak est lui resté plusieurs années chez nous (1933 / 1939) et y a réalisé 9 films. Mister Flow est le 3ème d'entre eux, et pour le moment de loin le meilleur que j'ai vu de lui sur cette période, et avec trois acteurs exceptionnels et au jeu étonnamment moderne : Fernand Gravey, Edwige Feuillère et Louis Jouvet. Gravey y joue un jeune avocat sans affaire et sans le sou, tout heureux d'accepter enfin une affaire minable : défendre un domestique emprisonné pour un simple vol d'épingle de cravate. Après l'avoir rencontré en prison, celui-ci lui demande d'aller chercher une valise dans une maison dont il lui donne la clef pour la transmettre à une jeune femme. Il s'exécute, et cette action le fait basculer dans un autre monde. Le quidam est en fait Mister Flow, un grand brigand international et la jeune femme sa maitresse, qui va devenir celle de l'avocat, le transformant lui aussi en brigand tout en lui permettant de mener une vie mondaine loin de tout ce qu'il aurait pu imaginer. Scénario et dialogues sont du grand Henri Jeanson, associé à la virtuosité de la mise en scène (pas encore hollywoodienne) de Siodmak, ça donne un film alerte, vif, déconnant et toujours en mouvement.