Tour de famille comme numéro de cirque déserté ; pourtant on avance sur une route qui n’en finit jamais, éternelle ligne droite semée d’embûches, un peu de sel par-dessus l’épaule ou dans un bol pour écarter la malchance. Car tout le film repose sur cette conjuration du mauvais sort existentiel au cœur d’une Italie figée dans le temps. Des spectres peuplent ses voies, échos d’un passé toujours présent sans perspective future ; le bol devait descendre la rivière mais reste à quai, la route inverse la trajectoire naturelle des éléments. Blocage généralisé. Mr Universo intrigue par ses protagonistes et la volonté farouche qu’ils placent en la vie ; on les regarde depuis nos fauteuils de cinéma comme des prestations humaines, les acteurs d’un show circassien essoufflé qui perd ses fauves à la manière d’un compte à rebours mortel. Malgré quelques longueurs et une démarche néoréaliste susceptible de rebuter le spectateur, les réalisateurs Tizza Covi et Rainer Frimmel offrent un beau moment de cinéma.