Bad Bird !

Quelquefois, il y a des tueurs qui se disent que découper d'innocentes victimes en fines rondelles, c'est bien joli, mais monter des plans complètement tordus et irréalistes pour y parvenir, c'est encore plus rigolo !

Une famille lambda, une étudiante isolée et un gentil looser reçoivent une mystérieuse caméra sur le pas de leur porte. Croyant chacun avoir gagné à un concours (oui, la notion de méfiance n'a pas atteint les frontières de cette ville), ils se filment tous dans leur coin en train de faire des trucs inintéressants qu'aucun spectateur sain d'esprit ne devrait voir jusqu'à ce que de nouvelles directives de plus en plus bizarres leur fassent réaliser qu'ils sont en fait les jouets d'un grand dingo.
Enfin, dans les deux premiers cas seulement, car, en ce qui concerne le troisième participant, c'est juste l'éclate totale, ce joyeux raté vivant toujours chez sa mère frappadingue y voit enfin l'opportunité que son existence toute entière n'a jamais su lui délivrer : devenir quelqu'un. Alors quand on lui demande de s'habiller en clown et d'aller prendre des photos avec des enfants parmi d'autres gages a priori absurdes, le bonhomme s'exécute tête baissée sans rien soupçonner de louche...

Vous l'avez deviné : les routes de cette famille, de cette étudiante et de ce clown improvisé se croiseront forcément grâce à un plan machiavélique qui débouchera sur la dernière et sans doute meilleure séquence de "Mockingbird" (tout en ne tenant hélas pas ses promesses).
Entre-temps, après une ouverture glaçante sur un précédent "jeu" du même type, "Mockingbird" va s'engouffrer dans à peu près toutes les tentatives désespérées de remplissage du néant que peut impliquer le procédé du found-footage. Le pauvre Bryan Bertino qu'on n'avait pas vu à la réalisation d'un film depuis le plus que sympathique "The Strangers" (2008) se contente de répéter les mêmes recettes du home-invasion (coups à la porte, rires bizarres, assaillants mystérieux, smileys dessinés sur les fenêtres, etc) en espérant que la caméra à la première personne suffise à en tirer autre chose.
Pas de bol, si l'aura de la bonne idée de départ (car elle l'est vraiment malgré tout) suffit à créer une illusion d'ambiance pendant les premiers instants, "Mockingbird" nous plonge dans les limbes d'un ennui que le découpage artificiel en chapitres du film (du type "si, si, ça monte en puissance puisqu'on vous le dit !") ou le point de vue plus léger du clown paumé ne parviennent jamais à atténuer.
Il faudra donc attendre la séquence finale se déroulant visiblement chez un type qui a conservé tous ses ballons de goûter d'anniversaire depuis la naissance pour qu'enfin un minimum de suspense commence à se former à l'écran. Mais, même là, la confrontation attendue entre tous ces protagonistes découlera... ben... sur la confrontation la plus attendue qu'il soit.
Les dernières minutes nous mettant sur la voie d'un semblant de piste quant à l'identité des mystérieux organisateurs de ce sinistre jeu ne seront que trop succintes ou au mieux évasives pour nous laisser le moindre sentiment de satisfaction...

Bref, encore un DTV Blumhouse à accrocher à une grappe de ballons et à laisser s'envoler loin, mais vraiment loin, tout là-haut, dans la stratosphère.