Grâce à une histoire malicieuse et des acteurs épatants, Molière nous offre un divertissement léger et intelligent à la fois. C'est rare.

Le seul nom de Molière évoque une des plus grandes richesses du patrimoine culturel français. Tout en conservant l'esprit de ses pièces connues de tous, Laurent Tirard, associé à Grégoire Vigneront pour l'écriture (les deux hommes ont déjà travaillé ensemble pour Mensonges et Trahisons), dépoussière et déride le mythe. Le film n'est pas un biopic, mais une comédie d'époque imaginant une des périodes mal connues de la vie du célèbre homme de théâtre. A 22 ans, Molière, criblé de dette, est jeté en prison. Puis il disparaît mystérieusement et ne revient que quelques mois après pour démarrer une tournée triomphale avec sa troupe. Que s'est il passé durant ce laps de temps dont les historiens ignorent tout ?


En s'inspirant de l'oeuvre de Molière, les coscénaristes (ré)écrivent une histoire rocambolesque. Un bourgeois fait libérer Molière et en contrepartie, ce dernier doit lui enseigner la comédie afin de séduire une amatrice de lettres. Tous les protagonistes, même Molière, sont des mélanges de personnages créés par l'auteur du XVIème siècle. Le récit n'est pas centré uniquement sur Molière, mais il laisse la place à des « premiers rôles juxtaposés ». Cela a obligé Romain Duris à faire exister son personnage même lorsqu'il n'est que spectateur de l'action, usant de son exceptionnelle présence, avant d'exploser lors de ses interventions. Brillant d'intensité et capable d'hallucinants numéros de pure comédie, Duris propose une nouvelle interprétation marquante. On peut également apprécier la folie naturelle de Fabrice Lucchini, le charme intelligent de Laura Morante, la pétillante arrogance de Ludivine Sagnier et la perfidie pathétique d'Edouard Baer.

Molière réussit là où de nombreuses super productions françaises échouent : il ne se laisse pas aller à la facilité en ne comptant que sur la prestance de ses têtes d'affiche. Bien que rocambolesque, le récit nous tient en éveil jusqu'à son terme. Laurent Tirard nous offre un spectacle grand public, léger mais pas totalement futile. On ressort avec l'envie incontrôlable de nous replonger dans l'œuvre de Molière. Pourquoi se priver d'un tel bonheur ?
Aede
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le 27 juin 2010

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