Plusieurs raisons expliquent que My Penguin Friend touche le cœur du spectateur et l’émerveille une heure et demie durant. Il y a d’abord, et pour beaucoup, la partition de Fernando Velázquez, d’une poésie rare et authentique – le souffle de l’orchestration, les élans lyriques et tragicomiques, l’ampleur du thème principal –, qui retranscrit musicalement les enjeux du récit, ses non-dits, ses drames endurés et ses résolutions à venir. Il y a, ensuite, la qualité de l’interprétation, mention spéciale au couple formé par Jean Reno et Adriana Barraza. Il y a enfin un propos, inattendu compte tenu de la nature familiale du projet, soit le choix du manchot comme métaphore de l’enfant perdu « entre deux mondes », dixit la scientifique, comprenons entre le passé et le présent, entre les vivants et les morts, mobilisant au passage un ensemble de symboles sous la forme d’objets (le bonnet, le bracelet offert en cadeau) ou de phrases répétées. Le film exhibe les rouages et mécanismes de son propre théâtre par l’intermédiaire d’une équipe de journalistes soucieux de relayer l’histoire de João parce que sa beauté, sa force et sa singularité résonneront universellement ; ce faisant, il se raccorde à la figure traditionnelle du conteur, partage la focalisation entre l’homme et l’animal au moyen de plans audacieux – point de vue interne pour le manchot, avec une déformation du cadre mimant l’œil – et, pour l’essentiel, très bien photographiés. Voilà une œuvre modeste, desservie certes par un montage parfois charcutier, par des effets visuels visibles et par des passages mélodramatiques conventionnels, mais chargée en émotion et en cinéma. Une belle surprise.